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Le bon usage

Le bon usage

Mon blog est consacré essentiellement au bon usage de la langue française. Il est donc, spécialement conçu et destiné aux collégiens,lycéens, étudiants,et notamment aux amoureux de la langue de Molière.


Les nuances sémantiques (E)

Publié par Fawzi Demmane sur 23 Juin 2009, 10:52am

Catégories : #Vocabulaire

 


Échantillon et échantillonnage

 

On utilise parfois à tort les mots échantillon et échantillonnage. En effet, ces deux mots prêtent à confusion puisqu’ils comportent un sens commun qui est celui de « chose qui donne une idée d’un ensemble ».

 

 

Le mot échantillon, qui vient du latin populaire scandaculum « échelle, jauge, mesure », signifie au sens propre « petite quantité d’une marchandise qu’on montre pour donner une idée de l’ensemble » et, au sens figuré, « aperçu de la qualité, de la valeur de quelque chose » ou « personne, chose considérée dans ce qu’elle a de typique; spécimen ». Dans le domaine de la statistique, le mot échantillon désigne la fraction d’une population retenue pour un sondage.

 

Exemples :

 

- On offre en prime des échantillons avec tout achat de produits de beauté.

- Ce vendeur parcourt le centre-ville avec sa mallette d’échantillons de tissu.

- Lors de sa première audition, Benoît a présenté un échantillon de son talent de comédien.

- Elle a présenté à ses élèves un bel échantillon de la poésie française du XVIe siècle.

- Le Bureau de la statistique a retenu un échantillon de 2 000 personnes pour cette étude.

 

 

Le mot échantillonnage signifie « action d’échantillonner, de prélever des échantillons; résultat de cette action » ou « assortiment, ensemble d’échantillons ». Dans le domaine de la statistique, le mot échantillonnage renvoie au choix des échantillons dans une enquête par sondage.

 

Exemples :

 

- Marie doit choisir une couleur parmi tout l’échantillonnage qu’offre ce fabricant de peinture.

- Les employés du magasin préparent l’échantillonnage des marchandises qui seront présentées à la foire commerciale. 

- Des chercheurs effectuent un échantillonnage des eaux du fleuve pour en déterminer la qualité.

- Pour ce sondage, l’échantillonnage a été établi au hasard et non par raisonnement.

 

 

En résumé, on emploie le mot échantillon pour parler d’une fraction représentative d’un ensemble et le mot échantillonnage pour parler d’un ensemble d’échantillons.

 

Exemple :

 

- Les procédés d’échantillonnage exigent de la part de l’enquêteur une grande prudence s’il veut éviter de fausser les résultats; en effet, les échantillons retenus doivent être suffisamment représentatifs de la population totale.


Émotif et émotionnel

 

On confond parfois les adjectifs émotif et émotionnel, tous deux liés au substantif émotion.

 

L'adjectif émotif a deux sens. Il peut d'abord qualifier des troubles ou des comportements et signifier « relatif à l'émotion ». Il peut également signifier, lorsqu'on parle de personnes ou de tempéraments, « qui réagit aisément, intensément aux émotions ». Dans ce sens, émotif peut aussi être employé comme nom.

 

Exemples :

 

- Lucille a subi un choc émotif important lorsqu'elle a appris qu'elle avait été adoptée.

- Paul a diverses réactions émotives ces temps-ci : il souffre d'étourdissements et de tremblements.

- L’amie de François est très émotive : elle se fâche facilement et s’émeut pour un rien.

- Les enfants de Gaston sont des émotifs; ils pleurent souvent sans raison.

 

 

L'adjectif émotionnel, qu'on emploie notamment en psychologie et en psychiatrie, signifie « propre à l'émotion ». Il s'apparente donc au premier sens d'émotif. On doit toutefois éviter de l'employer dans d'autres sens, notamment au sens de « qui réagit aisément ou fortement aux émotions »; il s'agit alors d'un anglicisme sémantique. On lui préférera, selon le contexte, les adjectifs émotif, émouvant, facilement ému, passionné ou sensible.

 

Exemples :

 

- Ce patient souffre d'un traumatisme émotionnel.

- Les troubles émotionnels fascinent cette psychologue.

- La mère d'Omar est sensible et il craint qu'elle accepte mal la maladie de son frère. (et non : la mère d'Omar est émotionnelle)

- Le discours que Liliane a préparé pour rendre hommage à son frère est très passionné. (et non : est très émotionnel)

- Cette histoire est vraiment émouvante. (et non : cette histoire est vraiment émotionnelle)

 

 

 

Par ailleurs, le verbe émotionner, qu'on emploie avec le sens de « troubler par une émotion souvent passagère ou peu intense », doit être réservé à la langue familière. Dans le style soutenu, on lui préférera les verbes affecter, bouleverser, émouvoir, toucher ou troubler, selon le contexte.


Empathie et sympathie

 

On hésite parfois entre les noms empathie et sympathie. En effet, ces deux mots peuvent porter à confusion puisqu'ils peuvent tous deux exprimer le fait de s'associer à l'état ou au comportement d'autrui.

 

Le nom sympathie vient du latin sympathia, lui-même dérivé du grec sumpatheia, formé de sun « avec, ensemble » et de pathos « ce qu'on ressent ». En français, sympathie peut avoir le sens de « relation qui existe entre des personnes qui ont des affinités », de « sentiment naturel de bienveillance qu'une personne peut ressentir pour une autre » et, par extension, de « disposition favorable à l'égard d'une idée ou d'une action ». Sympathie a également un sens plus près de celui de son étymon grec; il peut exprimer le fait d'être spontanément empreint de compassion à l'égard de l'autre, et plus particulièrement de partager ses sentiments de tristesse lorsqu'il vit un événement malheureux.

 

Exemples :

 

- La sympathie qui existe entre les membres de votre équipe est frappante.

- Cette écrivaine au grand cœur inspire la sympathie des citoyens.

- Le projet de jardin public est accueilli avec sympathie par les gens du quartier.

- Vos témoignages de sympathie ont su apaiser mes souffrances.

 

Quant au nom empathie, dont la formation s'inspire du mot sympathie, il est formé de en-, qui signifie « dedans », et de pathos, « ce qu'on ressent ». On l'emploie principalement dans les domaines de la psychologie et de la philosophie, au sens de « faculté intuitive permettant de percevoir et de comprendre les sentiments d'autrui, de se mettre à la place de l'autre tout en conservant une certaine objectivité ».

 

Exemples :

 

- Un psychologue compétent est capable d’empathie à l’égard de ses patients.

- L’agent qui a accueilli les réfugiés a fait preuve d'empathie et de professionnalisme.

 

 

En conclusion, l’empathie est la capacité de comprendre précisément les sentiments d'autrui tout en conservant une distance affective par rapport à l'autre, tandis que la sympathie suppose un partage de sentiments et l’établissement de liens affectifs.



En regard de et au regard de

 

Le mot regard fait partie de plusieurs expressions : en regard, en regard de, au regard de. Ces expressions ne sont pas synonymes et il est important de ne pas les confondre.

 

En regard signifie « vis-à-vis, en face ». Cette expression s’utilise principalement lorsque l'on parle de documents écrits.

 

Exemples :

 

- Ce texte est publié en français avec une traduction anglaise en regard.

- Je vous transmets le texte original, ainsi que la version révisée en regard.

 

 

Il ne faut pas confondre en regard avec en regard de, qui signifie « en comparaison de, comparativement à ».

 

Exemples :

 

- Il s’agit de réalisations modestes en regard de tout ce qui reste à faire. (c'est-à-dire : en comparaison de tout ce qui reste à faire)

 

- Ces résultats sont en net progrès en regard de ceux des années antérieures. (c'est-à-dire : comparativement à ceux des années antérieures)

 

 

Au regard de signifie « par rapport à ».

 

Exemples :

 

- Au regard de la loi, ces accusés sont coupables.

- Cet employé a peut-être bien agi, mais au regard du règlement, il a commis une infraction.

 


Ennuyant et ennuyeux

 

On confond parfois les mots ennuyant et ennuyeux. En effet, ces deux adjectifs prêtent à confusion puisqu’ils présentent un sens commun, soit celui de « qui ennuie ».

 

 

Le mot ennuyant signifie « qui provoque de l’ennui, de la lassitude, du désagrément; qui ennuie passagèrement ».

 

Exemples :

 

- Nous avons vu un film plutôt ennuyant.

- Cette conversation est ennuyante; changeons de sujet.

- Sa mauvaise humeur est très ennuyante; elle crée un malaise chez tous les invités.

- Quel contretemps ennuyant! Il faudra réviser notre échéancier.

 

Le mot ennuyeux signifie « qui cause toujours de l’ennui, est monotone » ou « qui est propre à contrarier, fâcheux, regrettable ».

 

Exemples :

 

- Quand on parcourt de grandes distances, la voiture a toujours des ratés et ces problèmes mécaniques sont très ennuyeux.

- C’est particulièrement ennuyeux de perdre son emploi.

- Voilà une personne bien ennuyeuse : sa conversation manque toujours de profondeur.

- Je ne me suis jamais intéressé à ce sujet, qui me semble ennuyeux.

- Plusieurs boudent ces emplois jugés trop ennuyeux.

 

En résumé, ce qui est ennuyant est contrariant et cause un désagrément passager, et ce qui est ennuyeux est assommant et cause un désagrément constant ou très fréquent.

 

Exemples :

 

- Habituellement, ce professeur est très intéressant, mais aujourd’hui il est ennuyant.

- C’est ennuyant, on devra reporter notre pique-nique. Ces caprices de la météo sont ennuyeux.



Entériner et ratifier

 

Dans la langue courante et dans les dictionnaires usuels, les verbes entériner et ratifier sont souvent considérés comme synonymes. Ils partagent en effet les sens de « valider, approuver, sanctionner, confirmer, consacrer quelque chose ». Mais ils ne sont pas pour autant facilement interchangeables. On observe effectivement que ces deux verbes impliquent des compléments de sens différents. On entérine des décisions, des usages, des propositions, des choix, des modifications, des ententes, des projets, des engagements, etc.; entériner semble donc associé à des actions qui ont été posées ou à leurs résultats. Quant au verbe ratifier, on le trouve surtout avec des noms qui désignent des documents qui officialisent des ententes; on ratifie donc des traités, des protocoles, des conventions, des accords, des contrats, des ententes, des pactes, etc.

 

Exemples :

 

- Les dictionnaires entérinent l’usage de certains néologismes.

- Le conseil d’administration a entériné les dernières propositions.

- Ils ont accepté de ratifier la nouvelle convention.

- La direction a ratifié tous les contrats.

 

 

En droit, ces mots ont aussi des sens différents et ils ne peuvent être employés l’un pour l’autre. D’un point de vue juridique, entériner signifie « maintenir une décision portée en appel », ou encore, pour un juge, « approuver et donner une valeur légale à un accord conclu entre des parties ».

 

Exemples :

 

 

- Le juge a entériné l’accord auquel le couple est parvenu lors de la médiation.

 

 

Quant au verbe ratifier, il signifie en droit « adhérer, pour un État, à une convention ou à un traité international », « reconnaître comme valide et adhérer à un acte juridique déjà conclu par d’autres parties », ou encore, « faire cautionner, par une autorité compétente, la validité d’un acte juridique ».

 

Exemples :

 

- Un grand nombre de pays ont ratifié le protocole de Kyoto.

- Le gouvernement et le conseil ont ratifié une entente de principe.

 

- Cette ordonnance a été ratifiée par le Sénat.


Errata et erratum

 

Les noms errata et erratum peuvent prêter à confusion, car ils ont tous deux en latin le sens d’« erreur, faute », la forme errata étant le pluriel latin du singulier erratum.

 

En français toutefois, ces deux mots ont pris des sens distincts mais voisins : un erratum est une faute survenue dans l’impression d’un ouvrage, signalée au lecteur avec sa correction; tandis qu’un errata est une liste des fautes d’impression, avec les corrections.

 

Exemples :

 

- Il a signalé un erratum à l’éditeur.

- L’errata figure à la fin du livre, en annexe.

 

Toutefois, il n’y a pas d’unanimité chez les lexicographes et les grammairiens quant au pluriel de ces emprunts au latin. Certains présentent errata et erratum comme deux noms invariables, étant donné leur origine latine : un errata, des errata, un erratum, des erratum. D’autres font d’errata un nom invariable mais proposent pour erratum le pluriel errata, selon les règles du latin : un errata, des errata, un erratum, des errata. Cette non-adaptation aux règles de grammaire du français est source d’ambiguïté, surtout en raison du sens d’errata. Si l’on peut dire qu’un errata est une liste d’errata, de quel errata parle-t-on?

 

Comme pour tous les autres mots empruntés à d’autres langues, il est préférable de franciser errata et erratum, et par conséquent d’appliquer la règle générale du singulier et du pluriel des mots français. On y gagne en clarté, en logique et en simplicité. De la même façon qu’on dit aujourd’hui un maximum, des maximums (et non plus des maxima), un référendum, des référendums, on dira un errata, des erratas, un erratum, des erratums. Cette préférence est d’ailleurs conforme aux propositions de rectifications orthographiques.

 

Exemples :

 

- A-t-on répertorié cet erratum dans l’errata?

- Un errata est une liste d’erratums.

- Nous avons dû faire quelques erratums dans la seconde édition.

- Malheureusement, les erratas ne sont pas près de disparaître dans le monde des livres.



Extrêmement et excessivement

 

On confond parfois les adverbes extrêmement et excessivement qui expriment tous les deux l'idée d'une grande mesure, mais qui ont toutefois des significations distinctes.

 

L'adverbe extrêmement, dérivé de l'adjectif extrême, est principalement employé comme adverbe de manière avec le sens de « très, à un degré élevé, de manière extrême »; il accompagne alors un adjectif ou un adverbe. On le rencontre aussi parfois comme adverbe de quantité avec le sens de « beaucoup »; dans cet emploi plutôt rare, réservé à un usage littéraire et considéré comme vieilli dans la langue courante, il accompagne un verbe.

 

Exemples :

 

- Sylvie est une mère extrêmement attentionnée.

- Cette chanteuse populaire a une voix extrêmement puissante.

- Il parle extrêmement lentement.

- Elle rêvait extrêmement de lui. (style littéraire ou vieilli)

 

Quant à l'adverbe excessivement, formé à partir de l'adjectif excessif, il renvoie plutôt à l'idée d'excès, de démesure, signifiant ainsi « trop, de façon exagérée, de manière abusive ». Il est souvent suivi d'un adjectif exprimant une caractéristique négative; il est en effet plus difficile d'admettre un excès pour une qualité. L’idée exprimée par le mot qu’accompagne excessivement, qu’il s’agisse d’un adjectif ou d’un adverbe, est vue dépassant la mesure acceptable.

 

Exemples :

 

- Luc a été excessivement désagréable avec le patron au cours de la réunion.

- Je ne pourrai pas acheter la voiture dont je rêve puisqu'elle est excessivement chère.

- Ma grand-mère trouve qu'il fait excessivement chaud dans son appartement.

- Son fils conduit excessivement vite.

 

L'adverbe excessivement est parfois également employé, dans la langue courante comme dans la langue littéraire, avec le sens de « très, tout à fait », et ce, depuis le début du XVIIIe siècle. Bien que certains grammairiens et autres spécialistes de la langue acceptent l'emploi de cette extension de sens, il ne paraît pas utile de consacrer son usage puisqu'elle peut entraîner une confusion sémantique dans certains contextes. Par exemple, dans la phrase Cette voiture est excessivement chère, la signification du message peut varier selon le sens qu'on attribue à l'adverbe excessivement. Doit-on comprendre que la voiture est simplement très chère ou que son prix de vente est beaucoup trop élevé par rapport à sa valeur réelle ou à nos propres moyens financiers? Il est donc préférable de s'en tenir aux significations premières propres à chacun des adverbes (extrêmement = très; excessivement = trop) afin d'éviter toute confusion.

 


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