De nos jours, surtout avec l’arrivée de l’approche communicative, deux compétences (oral et écrit) sont devenues prioritaires dans l’enseignement/apprentissage des langues étrangères. Dans cette recherche, nous nous intéresserons particulièrement à l’analyse des erreurs à l’écrit ainsi qu’à leur remédiation. En fait, les recherches en didactique des langues ont démontré que lors des productions écrites, l’apprenant a plus de temps qu’à l’oral pour réfléchir et agir. Il peut travailler en groupe pour trouver la meilleure solution. Il a aussi la possibilité d’utiliser un dictionnaire pour chercher ses mots et vérifier l’orthographe et la conjugaison. Mais, il est souvent admis que cela ne suffit pas à diminuer le nombre d’erreurs à l’écrit. De plus, certains énoncés qui peuvent être acceptables pour transmettre un message dans l’expression orale, ne passent pas à l’écrit. Cela vient de l’écart qui existe entre la forme écrite et orale du français qui n’est pas aussi phonétique que le turc. Pour cette raison, la grammaire orale n’est pas transposable en français. Par exemple, l’omission du « ne » de la négation ne gêne pas la compréhension du message à l’oral, mais elle constitue un grand obstacle à l’écrit. C’est la raison pour laquelle les méthodes basées sur l’approche communicative introduisent le passage à l’écrit dès le début du parcours d’apprentissage. Mais, comment / quand / pourquoi / pour qui faut-il et/ou doit-on corriger les erreurs? Toujours dans cette optique, nous tenterons d’examiner la source des erreurs à l’écrit pour pouvoir dresser une liste d’erreurs à corriger.
1 - Quelles erreurs corriger ?
Les recherches en relation avec le traitement d’erreurs en didactique des langues étrangères continuent sans cesse à occuper une place importante et privilégiée. Mais, il est admis qu’il n’existe pas encore de réponse adéquate, claire, nette et précise à la question portant sur la sélection des erreurs à corriger. C’est pourquoi il est très difficile d’y répondre en une fois.
Quant à nous, en nous appuyant sur nos pratiques en tant qu’enseignant de FLE ( Français Langue Etrangère), nous adoptons les critères proposés par certains chercheurs pour sélectionner les erreurs à corriger. Signalons que plusieurs d’entre eux acceptent « une classification
générale des erreurs » à corriger :
- Les erreurs qui affectent l’intelligibilité du message : il s’agit des erreurs ayant un impact négatif sur la compréhension de l’énoncé. Elles empêchent, nuisent ou rendent difficile la compréhension ou la transmission du message. De plus, certaines d’entres elles peuvent de temps en temps causer des malentendus.
- Les erreurs qui sont fréquentes : ce sont les erreurs commises par un seul apprenant ou bien les erreurs communes d’un groupe d’apprenants. Par exemple, il est très fréquent de voir l’omission de l’article, le manque d’accent …. etc.
- Les erreurs qui sont jugées irritantes : il est question des erreurs qui peuvent provoquer des réactions négatives de la part des natifs. Surtout en interaction écrite, elles peuvent énerver la personne à laquelle nous nous adressons et nous amener à refuser de poursuivre l’échange de conversation français avec lui. Par exemple, une personne native (locuteur natif) peut refuser de répondre ou de poursuivre l’échange avec son destinataire en cas de non-respect de la formule d’appel, de salutation et des règles générales pour l’écriture, la mise en page d’une lettre de motivation ou amicale, d’un e-mail et d’une invitation.
Par conséquent, il est clair que, en tant que médiateur et guide, le rôle de l’enseignant de FLE face aux erreurs devient très important. En prenant en considération les besoins d’un apprenant ou d’un groupe d’apprenants ainsi que le niveau de compétence de ceux-ci, c’est donc l’enseignant qui doit, à notre avis, décider de choisir les erreurs à corriger ou à remédier en production écrite.
2 - Comment corriger les erreurs ?
Les recherches sur l’erreur dans l’apprentissage des langues démontrent que plusieurs démarches correctives, didactiques et pédagogiques sont possibles face aux erreurs de l’apprenant. Tout d’abord, il faut dire aux apprenants, comme le montrent la plupart des chercheurs tels que Michel Billières et Robert Morley, qu’ils commettront normalement des erreurs à l’écrit, et que les erreurs sont inévitables à tout moment d’apprentissage. Il est admis que c’est un fait naturel tout au long du processus d’apprentissage. Mais, ce qui est important, c’est d’accepter un avis bienveillant face aux erreurs.
C’est pourquoi ni les enseignants ni les apprenants ne doivent en penser négativement. Au lieu de sanctionner l’erreur ou de l’éviter, il vaut mieux la placer au centre de la démarche pédagogique. À notre avis, comme elle constitue une étape primordiale dans l’acquisition des connaissances langagières, elle est nécessaire. Donc, comment peut-on/faut-il la corriger pour ne pas produire les mêmes erreurs à l’écrit ? Pour ce faire :
- Tout d’abord, au début d’une séance consacrée à la production écrite, il est important de faire un diagnostic des habiletés de chaque apprenant.
- C’est pourquoi il est conseillé d’expliciter clairement le caractère instructif de l’erreur au sein de la classe, pour le professeur comme pour l’apprenant.
- Il est nécessaire de prendre en considération l’influence du code oral sur le texte écrit pour la langue française dont l’écriture de mots est différente de la prononciation en vue d’éviter toute influence néfaste de l’oral sur le code écrit (la langue écrite) jusqu’à ce que les apprenants démontrent la maîtrise de la transposition du code écrit.
- Une fois que cette mise au point faite, il est conseillé à l’enseignant de s’attaquer aux erreurs sans culpabiliser et intimider ses apprenants. Pour cela, en faisant une pratique systématique et personnalisée, il doit consacrer un temps suffisant à une phase de repérage, de formulation et d’explicitation par l’apprenant de ses propres erreurs.
- Donc, quand on est en évaluation formative, il vaudrait mieux former les apprenants à s’auto-corriger et à s’auto-évaluer.
En conclusion, nous sommes d’avis qu’il est nécessaire de définir un contrat explicite pour l’apprenant et, au sein de la classe, de veiller à la mise en place de stratégies permettant la vigilance progressive et la responsabilité des apprenants pour pouvoir supprimer les erreurs.