« Un ami, rien qu'un ami, c'est aussi précieux qu'une vie », disait Georges Bernanos. Nous avons chacun en imagination l'image de l'Ami idéal, de l'amitié parfaite, de cet autre qui serait celui sur lequel on pourrait compter dans le bonheur comme dans l'adversité, qui serait, comme dit si bien Abu Shakour le poète persan , « pour son ami un bouclier » ,qui pourrait être une sorte de conscience externe, capable de nous orienter et de nous conseiller lorsque les idées se brouillent ou, lorsque arrivant à un carrefour où toute signalisation et toute indication s'estompe, il se montre capable de nous indiquer le chemin à suivre, la route à prendre ,nous évitant ainsi égarement et perdition. Un ami véritable est celui qui serait capable de nous comprendre, de nous consoler mais aussi de nous dire nos quatre vérités, c’est celui qui, tout en nous aimant, serait capable de nous faire mal pour nous guérir de nos travers, nous alerter du danger vers lequel risquent de nous plonger nos faiblesses et nos défauts. En fait, comme dit Diane de Beausacq, « votre véritable ami est celui qui ne vous passe rien et qui vous pardonne tout ». Or, on dit souvent que les amis sont difficiles à trouver et que l’amitié est dure à conserver. La raison n’en est pas si complexe : certes les autres manquent parfois de sincérité, ou - s’ils le sont- ils en changent souvent, mais les torts sont partagés. Ne sommes-nous pas devenus trop suspicieux face à l’arrivisme et l’individualisme ambiants ? Ne sommes-nous pas trop souvent susceptibles et incapables d’avaler le moindre petit mot de travers, même partant d’une bonne intention ? N’avons-nous pas tendance à préférer un son de cloche qui chante nos louanges à cet autre, si discordant à nos yeux, qui nous révèle nos tares et nos limites ? « Quelle noblesse d'avoir un ami, disait Richard Wagner, mais combien plus noble d'être un ami ! »
Posté par Blanche Colombe, le 11/10/2010