Si nous consultons un dictionnaire comme le Larousse, nous y lirons au verbe entendre:
"Percevoir par l'ouïe"
Il s'agit d'une attitude passive ne nécéssitant aucun effort de notre part. Ce que l'on entend n'est pas toujours précis dans l'esprit. Nous entendrons par exemple les bruits de la rue ou le chant des oiseaux dans une forêt ou encore le bruit des moteurs dans une usine.
Ecouter représente par contre une action dépendant de notre volonté. On prête l'oreille pour écouter. Saisissez-vous la grande différence? Quand nous sommes à l'écoute, il s'agit d'une chose précise que nous VOULONS PERCEVOIR. Ce n'est plus indépendant de notre volonté et ce n'est plus n'importe quoi!
Au lieu d'entendre le chant des oiseaux, vous écouterez LE chant DU rossignol.
PERCEVOIR LES SONS
Deux verbes latins "audire" (traduit par 'ouïr' ) et "intendere" (traduit par 'entendre) possèdent en commun le fait que leur signification première est de "percevoir les sons par l'ouïe". En ce qui concerne leurs sens dérivés, le premier prend la valeur 'écouter' ou 'comprendre' alors que le second signifie 'tendre vers'. À partir du XVIIèmesiècle, le verbe "intendere" prend le pas sur "audire", référant à l'acuité auditive. Ainsi, 'entendre' réfère au domaine perceptif.
On parle ainsi de personnes malentendantes lorsqu'elles sont atteintes d'une déficience sensorielle de nature auditive.
PORTER SON ATTENTION AUX SONS
Le verbe latin "auscultare" possède le sens premier de 'prêter attention à...', ce qui se traduit par le verbe 'écouter'. Ce verbe se situe non seulement au niveau de la perception, mais aussi, et peut-être surtout, dans le registre de la cognition puisqu'il fait intervenir une activité mentale du sujet qui lui permet de comprendre.
Lorsque l'on parle de personnes qui 'n'écoutent pas', on ne dit pas qu'elles sont malécoutantes*. L'on considère que ces personnes possèdent une compréhension déficiente ou qu'elles ne font pas attention à ce qui leur est dit.
ILLUSTRATION DE CETTE DIFFÉRENCE ENTRE 'ENTENDRE' ET 'ÉCOUTER'
Je propose au lecteur un texte de la poétesse contemporaine Ginette Renaud, née en 1941; autodidacte, elle est passionnée par toutes les formes artistiques.
J'entends, j'écoute
J'entends, j'écoute dans la campagne
Très tôt le coq claironner
Juché sur une pelote de fumier
Son amour pour sa compagne.
J'entends, j'écoute dans les bois
Le coucou chanter
Voici venir le mois
Pour aller cueillir le muguet.
J'entends, j'écoute les feuilles frémir
Sous la caresse du Zéphir
J'entends, j'écoute les hirondelles
Quand l'été est arrivé
En plein plein cœur de juillet
Trisser dans le ciel.
J'entends, j'écoute le rossignol triller
Le soir, par une nuit étoilée.
J'entends, j'écoute la mer démontée
S'écrasant sur les rochers.
J'entends, j'écoute le vent souffler
Sur la lande dans les genêts.
J'entends, j'écoute les mouettes rieuses
Tournoyer dans l'azur, mystérieuses.
J'entends, j'écoute au loin claquer la voile
D'un bateau, sur la mer d'Iroise.
J'entends, j'écoute dans la montagne
Les ruisseaux descendant en cascade.
J'entends, j'écoute les marmottes s'interpeller
Assises sur leur derrière, d'un coup de sifflet.
Signalant un ennemi présumé
Dans les environs, aux aguets.
J'entends, j'écoute dans le bas du village
Le troupeau partant vers l'alpage.
Aux cous des bêtes sonnent les clarines
Suivi des bergers et leurs pèlerines.
J'entends, j'écoute s'exprimer la vie
Dans cette nature si jolie!
J'entends, j'écoute...
J'entends: je perçois le son
J'écoute: je porte attention...