Ton père te dit : Tu vieillis, mon enfant !
La vieillesse te guette, mon enfant. Tu n'as ni l'âge de naviguer, ni la force de ramer. Tu ne peux indéfiniment courir les océans. Tu les a tous connus et parcourus. La plus profonde des mers, dans ses bras tu t'es jeté, dans ses eaux tu t'es baigné et au fond de ses abîmes tu t'es noyé.
Je sais que tu ne t'imagines pas vivre loin de la mer, sans entendre le bruit de ses vagues, sans sentir son odeur iodée. Mais il faut que tu saches qu'il y a un âge pour tout. Et maintenant, tu a atteint l'âge de rentrer définitivement au port.
Reconstruis ta maison, mon fils.... ses murs commencent à ternir. Prends soin de ta femme, ses mains ont fini par se refroidir. A tes enfants, pendant les douces nuits d'été, tu pourras raconter les splendeurs de la mer qui continue à bleuir, et quand s'installe l'hiver, ses longues nuits te feront souvenir des dangers de la tempête et de ses délires.