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ELLE :
Je n'ai pas l'intention d'employer le pronom personnel « Je » car je n’ai pas choisis la Vie que j’ai eu...
Je laisse « une voix » parler à ma place...
Bien……on écoute…
La voix :
C'est une histoire à la fois triste et « fascinante « que celle de Satchwe, jeune femme Khoi-Khoi que sa naissance dans
une obscure région d'Afrique du Sud, à la fin du dix-huitième siècle, ne destinait aucunement à l'équivoque célébrité qui fut la sienne
.Fille d'un berger Bochiman - mort peu après sa naissance - et d'une mère Khoi-Khoi qu'elle perdra à l'âge de deux ans,
elle vivra avec ses frères et soeurs dans le "kraal" qui voisine la ferme de son "baas", Peter Caesar, un de ces "Boers" qui forment la minorité blanche du Cap.
Saartjie Baartman est née en 1789, dans une Afrique du Sud sous domination boer, sur les bords de la rivière Gamtoos.
D'origine hottentote, elle est capturée après le massacre de sa famille. Saartjie n'est alors qu’une enfant. Réduite en esclavage par un fermier hollandais du Cap, elle est amenée à Londres vers
1810 par un médecin de marine anglais. La jeune fille perd alors son identité pour devenir Saartjie Baartman: son prénom néerlandais signifie Sarah, et «Baartman», signifie «barbu».
Mais un long calvaire commence pour Saartjie. En fait de fortune à Londres, elle est exhibée dans les cirques, les
musées, les bars et les universités comme une véritable bête de foire. Jusqu’à ce qu’une organisation anti-esclavagiste, «l’institution africaine», porte plainte contre cette pratique. Mais si
l’horreur cesse en Angleterre, elle se poursuit en France. Objet de curiosité sexuelle en raison de sa morphologie. , Saartjie, comme bon nombre de femmes Khoisan, présentait une stéatopygie,
c'est-à-dire une hypertrophie graisseuse des hanches et des fesses .Ces caractéristiques feront à la fois son succès et son malheur. Condamnée, car différente ; elle poursuit sa triste destinée,
entre misère et prostitution, à Paris. Elle y est exhibée, notamment au Jardin des plantes, par un certain Réaux: un montreur d’animaux.
Elle quitte en 1807 le kraal de Peter Caesar pour celui de son frère Hendryck. C'est là qu'un ami anglais Hendryck,
Alexander Dunlop, la remarquera et fera miroiter au Boer tout le parti qu'on pourrait tirer d'une exhibition de Saartje en Europe.
En 1810 le trio embarque pour l'Angleterre à bord du navire Anglais "Exceter".Mais, contrairement à toutes les
prévisions de Dunlop, aucun directeur de cirque ou d'attraction foraine n'est intéressé par cette négresse!...Dunlop revend alors ses parts à Hendryck, prétextant l'urgence d'un retour en Afrique
du Sud. Hendryck, précédent en cela Barnum de vingt-cinq ans a une idée de génie : puisque personne ne veut de son attraction, il va l'exhiber lui-même après avoir inséré une annonce publicitaire
dans un journal londonien qui promet une attraction exclusive : la "Vénus Hottentote".Et c'est le succès : les foules se pressent en masse pour admirer dix heures par jour cette négresse
fabuleuse, recouverte d'un justaucorps de toile de la même couleur que sa peau. Certains ne se gênent pas pour pincer ou piquer les fesses proéminentes de la curiosité de foire...A tel point, que
des associations caritatives ou des clubs d'amis de l'Afrique s'en émeuvent et déposent une plainte à Londres pour que cesse ce scandale. !!.
...Coup de tonnerre : interrogée avec l'aide de deux greffiers qui parlent le bas-néerlandais, Saartje Baartman déclare
qu'elle s'exhibe de sa propre volonté, qu'Hendryck Caesar se montre très prévenant avec elle et qu'il lui a promis de partager avec elle les recettes du spectacle, même si, jusqu'à présent elle
n'a pas encore reçu aucun sou (farthing). ((On se demande encore si la traduction des paroles de Saartjie était fiable et juste !!!)))
Esclave, elle fut emmenée en Europe par un britannique en 1810. Vendue, elle devient bête de foire où sa morphologie
(hypertrophie des hanches et des fesses) fait succès. Elle sera exposée en Angleterre, en Hollande et en France. Elle deviendra par la suite objet sexuel (prostitution, soirées privées)
C'est à Paris que la Vénus Hottentote s'exhibe ensuite : d'abord sous la férule d'un certain Taylor, puis sous la
direction de Réaux, montreur d'animaux exotiques (des singes, un ours) avec qui les choses ne se passent manifestement pas aussi bien qu'avec Hendryck Caesar .Elle se produit dans un quartier
populaire non loin du Palais Royal. C'est là qu'elle va contracter la maladie pulmonaire qui l'emportera..
Mais son étrange épopée ne s'arrête pas là : alors que le monde scientifique français rechignait à la voir vivante,
Cuvier, le plus célèbre anatomiste de son temps la réclame et l'obtient.
Il dissèque le corps, après en avoir réalisé un moulage, en conserve le squelette ainsi que les fesses et les organes
génitaux conservés dans un bocal de formol... Ces restes furent exhibés au Museum d'histoire naturelle de Paris. Ensuite, l'ensemble des restes furent exposés au Trocadéro pendant l'exposition
universelle de 1889 pour la célébration du centenaire de la Révolution française. !!!!!!!
Rapatriés au Muséum, l'ensemble est de nouveau séparé, puisque le conservateur déclare la perte du squelette. Le moulage
et les parties conservées dans le formol seront d'abord exposés dans la section préhistoire et enfin remisés dans la réserve, suite à des plaintes du personnel et des visiteurs. Lors du tournage
d'un documentaire, en 1998, par le réalisateur sud-africain Zola Meseko, tous les restes sont retrouvés et intégrés dans le film "On l'appelait la Vénus Hottentote" !
Posté par La Voix Pure, le 05/11/2010