Je voudrais vous parler d'amour, on n'en parle jamais assez. Oui, me diriez-vous. C'est d'ailleurs curieux de constater que, bien que ce soit un thème dont on a beaucoup dit, on en trouve toujours et encore à dire et à redire. Fortement sensible à la poésie et au discours poétique, j'ai été interpelée par cet extrait du sonnet de Monsieur de Ronsard, poète chanteur de l'amour par excellence. Dans ce sonnet, Ronsard évoque sa passion, et je vais m'appuyer sur ses dires pour vous parler de l'être aimant, histoire de changer un peu. Car je trouve qu'on parle trop souvent de la personne aimée, de l'objet du désir autant que du désir lui-même , bien évidemment, mais pas assez du sujet aimant. D'aucuns me diraient que c'est une conclusion hâtive et subjective, mais qu'importe, il me faut bien un prétexte. Ce que j’ai envie de souligner c’est la perspective dans laquelle se place l’être aimant : il aime, il désire, il souffre, il se complaît dans la souffrance dont il se plaint, mais qu’il apprécie. C’est ce que dit Ronsard :
Amour me tue, et si je ne veux dire
Le plaisant mal que ce m'est de mourir :
Tant j'ai grand peur, qu'on veuille secourir
Le mal, par qui doucement je soupire.
En fait, c’est calomnieux ce que je viens de dire, car nous n’avons aucunement affaire à un masochiste, loin de là. Nous avons affaire à un être amoureux qui brûle d’envie de se voir comblé par la présence et l’affection de l’objet de ses désirs, qui se trouve en manque de lui, qui se sent en totale dépendance sentimentale et affective, en totale « addiction », refusant toute idée de sevrage ou de guérison. Pire, nous sommes tous prêts à tout donner pour rencontrer cet Amour ; jusqu’à l’avoir rencontrée, nous sommes en quête permanente de cette sorte de dépendance que nous revendiquons parce qu’elle transfigure notre être et transforme notre vie en lui donnant du sens. Le reste, vous ne le savez que trop.Mais je dois le rappeler : que serait notre vie sans amour? Que serait la félicité des moments de bonheur sans l'inquiétude de l'attente, la souffrance de l'éloignement, le supplice de l'incertitude? Tout cela ne nous fait-il pas mieux apprécier les instants de retrouvailles leur insufflant un parfum de plénitude et de paix à nous faire embrasser le monde entier, aimer toute la terre? La souffrance n'est-elle pas créatrice? Musset affirme même que " Rien ne nous rend si grand qu'une grande douleur" , il dit même dans "Nuit d'octobre" " L'homme est un apprenti, la douleur est son maitre / Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert"
Aimez donc, quitte à souffrir ou même à douter parfois. Et je ne peux m'empêcher encore une fois de citer Musset qui dit:
"Doutez si vous voulez de celui qui vous aime
D'une femme ou d'un chien, mais pas de l'amour même"
Mais le doute, c'est un autre sujet. ( A suivre, peut-être)
*Vers de Ronsard
Posté par Blanche Colombe, le 14/11/2010