6ème chapitre de la Deuxième Partie de « La Voix de l’Eternelle Sagesse » de Khalil Gibran
La plus raisonnable que j’ai jamais lue…de la sagesse !
N’oubliez pas cependant que même si la Raison vous éclaire, elle est inopérante sans la Connaissance. Sans sa soeur de sang, la Raison et comme un pauvre hère sans demeure ; de même, la Connaissance sans la Raison est comme une maison non gardée. L’Amour, la Justice et la Bonté eux-mêmes n’ont que peu de prix quand est absente la Raison.
L’érudit manquant de discernement est pareil à un soldat sans armes devant un combat imminent. Sa colère empoisonne la pureté de la source de vie de sa communauté ; il est pareil à une graine d’aloès dans une cruche d’eau pure.
La Raison est à la Connaissance ce que le corps est à l’âme. Sans le corps, l’âme n’est que vent inerte ; sans l’âme, le corps n’est qu’un cadre inanimé.
La Raison sans la Connaissance est comme un sol inculte ou comme un corps humain sous-alimenté.
La Raison n’est pas comme ces marchandises qu’on vend sur les marchés, dont la valeur diminue avec l’abondance, bien au contraire, son prix augmente en fonction de son abondance. Mais si on la vendait sur les marchés, seuls les sages l’apprécieraient à sa juste valeur.
Les imbéciles voient la déraison partout et les fous ne voient que folie. Hier, je demandai à un homme insensé de compter les imbéciles parmi nous. Il rit, disant : « C’est là besogne trop malaisée et bien trop longue. Ne vaudrait-il pas mieux ne compter que les sages ? »
Sachez votre juste mérite et vous ne périrez point. La Raison est votre clarté et votre phare de Vérité, elle est source de Vie. Dieu vous a donné la Connaissance, en sorte que sa clarté vous aide non seulement à l’adorer, mais ainsi à mesurer votre fragilité et votre force.
Si vous ne discernez pas la paille dans votre propre œil, pour sûr que vous ne l’apercevrez pas dans l’œil de votre voisin.
Regardez chaque jour en votre conscience et réparez vos erreurs car, si vous manquez à ce devoir, vous trahirez la Connaissance et la Raison habitant en vous.
Gardez sur vous un œil vigilant, comme si vous étiez votre propre ennemi. Vous ne pouvez en effet apprendre à vous dominer si vous n’avez pas d ‘abord appris à dominer vos passions et à suivre les ordres de votre conscience.
Un jour, j’ai entendu un érudit dire : « Tous les maux ont un remède, sauf la déraison. Réprimander un insensé qui s’obstine ou prêcher à un sot, c’est comme de vouloir écrire sur la surface de l’eau. Le Christ a guéri des aveugles, des infirmes, des paralytiques et des lépreux. Mais les fous, il n’a pu les guérir.
« Si vous étudiez un problème sous tous ses aspects, soyez assurés de découvrir par où l’erreur s’est glissée.
« Si le portail avant de votre maison est large, veillez à ce que la porte arrière ne soit pas top étroite.
« Celui qui veut saisir l’occasion une fois qu’elle est passée est comparable à cet autre qui, la voyant venir, ne s’avance point à sa rencontre. »
Dieu ne sème pas le mal. Il nous a donné la Raison et la Connaissance afin que nous soyons vigilants et ne tombions pas dans les pièges de l’Erreur et de la Destruction.
Bénis soient ceux à qui Dieu a donné le don de la Raison. »