On déclare généralement dans les grammaires que l’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec le nom (le substantif) auquel il se rapporte. Jusque-là tout va bien. Mais on prétend généralement aussi que des syntagmes du type vert foncé, comme dans robe vert foncé, sont des « adjectifs [de couleur] composés »… qui feraient exception à la règle: de tels « adjectifs » sont dits « invariables ». C’est ici que les choses se gâtent.
En fait, les « adjectifs composés » n’existent pas, qu’ils soient de couleur ou autrement. La séquence vert foncé, par exemple, n’est pas un adjectif de couleur composé mais un syntagme nominal composé d’un substantif vert, qui refuse l’accord avec robe, et d’un adjectif foncé, qui se rapporte à vert et s’accorde avec lui.
La chose est simple: les adjectifs s’accordent toujours et les substantifs refusent toujours de s’accorder. C’est une affaire de nature grammaticale. Ces parties du discours sont constituées de telle manière qu’elles sont intraitables sur ce plan. L’adjectif est un mot qui par nécessité naturelle s’accorde. Un adjectif qui « ne s’accorde pas », ou un adjectif « invariable » est un adjectif qui n’a rien trouvé avec quoi s’accorder. Ou alors ce n’est pas un adjectif.
Il y a plus : l’adjectif est incapable de remplir la fonction de support épithète. L’idée même d’un adjectif de couleur « composé », c’est-à-dire d’un syntagme adjectival dans lequel le deuxième adjectif serait l’épithète du premier, est donc contradictoire.