Le caractère
Le caractère
Il n’existe point à strictement définir deux êtres humains qui peuvent se réclamer du même caractère. Examinons
sous tous les angles et sous tous les rapports dix personnes mises dans les mêmes conditions extérieures ; elles n’ont globalement ni les mêmes réactions, ni le même comportement devant le
danger, ni les mêmes volontés et encore moins des pensées similaires. Le concept de l’honneur et du déshonneur ; la vue du danger déclenchera une réaction diamétralement différente de la
part des dix individus. Si par contre, nous examinons le comportement d’un seul individu, qui est constamment confronté à des situations semblables, nous remarquons qu’il s’y comporte et agit de
la même façon ou presque.
C’est justement à cette façon psychologique de faire face aux problèmes, à ce comportement spécifique et
permanent de ressentir, de penser, d’aborder et de régler les difficultés quotidiennes, que l’on donne le nom de caractère.
Ainsi délimité, cerné le caractère d’une personne est donc son “ex-libris” ; son empreinte indélébile, pour
ainsi dire son paramètre de réfraction morale.
L’importance qu’aurait une science du
caractère chez les humains
Les éléments qui forment le caractère peuvent être classés en deux paliers : les prédispositions héréditaires,
congénitales qui naissent avec l’individu, et les habitudes et réflexes qu’il contracte au cours de son existence. Les prédispositions mentales, organiques d’ordre héréditaire, sont maintenant
incontestables et incontestées, grâce aux progrès immenses de la génétique, de la biologie et de la microbiologie.
Ces prédispositions que nous venons de citer sont, du reste, visibles, frappantes, et facilement vérifiables
chez le jeune enfant, dont le comportement est préformé, que l’on ne rencontre même pas chez les vrais jumeaux qui, dans les mêmes situations, agissent et se comportent de la même
façon.
C’est cette strate, cette base initiale, congénitale que l’on appelle le “naturel” ou trait de caractère inné,
n’est nullement acquise. Ce caractère d’ordre génétique, si l’on peut parler ainsi, se prolonge la vie durant, et bien souvent émerge chez ceux qui pensent, qui croient le plus fermement s’en
être débarrassé.
Il y a parfois, précise un psychologue allemand, où, sans dire un mot, sans faire un geste, nous le
constatons ; cet étranger, cet inconnu qui n’est autre que nous, néanmoins notre “ego” organique et initial : c’est d’abord la spontanéité des émotions ou le répit de la réflexion ne
nous est pas accordé, où la réaction fuse, éclate, surgit avant même que nous n’en soyons avertis ; c’est encore, dans ces moments intenses, de crise grave, où la stupeur psychologique se
substitue à des émotions plus fortes.
Quand la volonté est comme désintégrée, abolie, l’intelligence neutralisée, amorphe et sans aucune réaction, ou
alors n’ayant plus aucune envie, nous sommes abasourdis de nous voir réagir encore. C’est alors qu’on s’examine comme un étranger, véritable dédoublement de la personnalité, et qui plus est,
déroutant encore, comme un étranger qui s’ignore totalement.
Les tendances acquises, leurs causes
Les habitudes et les réflexes, rattachés au “naturel” peuvent également, à leur tour, se partager en deux
catégories : celle que nous contractons sans nous rendre compte, presque inconsciemment, à notre insu plus précisément, et celle que nous prenons délibérément, et en toute connaissance de
cause.
L’influence des environnements et le mimétisme des autres
Les premières habitudes ont leurs origines dans la pression, l’influence du milieu, de l’environnement social et
familial, dans l’instinct qui nous accule à singer les autres, et lient étroitement nos concepts à nos sentiments. La pression de l’environnement et le mimétisme sont si tenaces que les hommes
les plus forts et les plus posés n’y échappent jamais totalement. Quant aux autres, il suffit le plus souvent, pour savoir les milieux d’où ils sont issus, et les pressions qu’ils ont subies, de
les voir se comporter dans la société, et de les entendre s’exprimer pendant seulement quelques instants.
Il existe indubitablement, dans le caractère de chaque être humain une esquisse de son origine, de sa famille,
de son milieu social et culturel, comme il y a une image de sa profession. Mais à côté de ce mimétisme des autres, il y a, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le mimétisme de soi-même. Dès
la prime jeunesse, chacun de nous se fait une certaine idée de sa personnalité, où à côté de quelques qualités réelles pénètrent inéluctablement des qualités rêvées, imaginaires et élaborées de
toutes pièces.
Or cet état de fait évolue rapidement en un idéal, une chimère, dont nous devenons l’esclave ; il faut s’en
consoler, quand cet idéal est noble et surtout à la portée de nos aptitudes naturelles, et nos capacités intrinsèques, car c’est sous sa pression constante, pressante et invisible que le
caractère s’améliore.
Le seul fait d’imaginer la personne qu’on croit être et d’y penser constamment, en donnant de l’unité et de la
vigueur à nos concepts, de la persévérance et du nerf à nos efforts, nous pousse inévitablement à nous transcender, à nous améliorer.
Pour beaucoup parmi les plus clairvoyants et les plus doués, la vie n’est qu’un long et interminable
marathon-poursuite de cet idéal éphémère et une lutte farouche et permanente pour le concrétiser.
Les affinités et les aversions entre les
états d’âme
Cette structuration du caractère, sous la pression constante de l’idéal, est favorisée ou contrariée par les
affinités ou les aversions inhérentes à la nature humaine, qui relient nos sentiments à nos tendances. Il est incontestable qu’il existe une relation étroite, sinon permanente entre certaines
inclinations. Des penchants pour les objets naturels, par exemple la soif de la richesse, de la vie facile, et de tous les plaisirs cheminent le plus souvent de pair, et interfèrent les uns sur
les autres. Les penchants qui se cachent quelquefois sous le manteau de “l’amour-propre” semblent se chercher ; la soif du pouvoir et de commander est toujours, ou presque, le corollaire de
la renommée, au désir de dominer tout l’environnement dans lequel nous gravitons.
Il est, par ailleurs, indéniable qu’il y a une sorte de contradiction entre certains vices et certaines
vertus : la franchise ne saurait admettre la dissimulation et le louvoiement, la bonté ne peut coexister avec la méchanceté, la tolérance avec le fanatisme et l’intolérance.
Aussi, est-il nécessaire dès l’enfance, de se prémunir contre tous les comportements négatifs et pernicieux, car
ils sont vecteurs de cruelles désillusions.
Par Chenouf Ahmed Boudi
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