Les verbes transitifs directs induisant un marqueur d’infinitif
Comme c’est le cas avec les prépositions en général, l’utilisation ou l’absence du marqueur d’infinitif provoque bien
des incertitudes. Savoir distinguer les prépositions faisant partie du verbe et les marqueurs d’infinitif n’est possible que quand on connait avec certitude la construction du verbe. C’est donc
avant tout une question de vocabulaire. Il faudrait donc apprendre par coeur les cas les plus fréquents :
■ MARQUEUR de
accepter qch → accepter de faire qch
attendre qch → attendre de faire qch
choisir qch → choisir de faire qch
conseiller qch → conseiller de faire qch
continuer qch → continuer de faire qch
déconseiller qch → déconseiller de faire qch
décider qch → décider de faire qch
dire qch → dire de faire qch
demander qch → demander de faire qch
envisager qch → envisager de faire qch
essayer qch → essayer de faire qch
feindre qch → feindre de faire qch
jurer qch → jurer de faire qch
mériter qch → mériter de faire qch
nécessiter qch → nécessiter de faire qch
négliger qch → négliger de faire qch -
offrir qch → offrir de faire qch
omettre qch → omettre de faire qch
ordonner qch → ordonner de faire qch
oublier qch → oublier de faire qch
permettre qch → permettre de faire qch
préconiser qch → préconiser de faire qch
promettre qch → promettre de faire qch
proposer qch → proposer de faire qch
rappeler qch → rappeler de faire qch
refuser qch → refuser de faire qch
regretter qch → regretter de faire qch
reprocher qch à qqn → reprocher à qqn de faire qch
se rappeler qch → se rappeler de faire qch
souhaiter qch à qqn → souhaiter à qqn de faire qch
supporter qch → supporter de faire qch
tenter qch → tenter de faire qch
■ MARQUEUR à
commencer qch → commencer à faire qch
chercher qch → chercher à faire qch
apprendre qch → apprendre à faire qch
continuer qch → continuer à faire qch
réussir qch → réussir à faire qch
■ MARQUEUR Ø
Les verbes transitifs suivants peuvent être suivis d’un infinitif, mais devant cet infinitif on n’utilise pas (ou plus)
de marqueur :
adorer qch → adorer faire qch
détester qch → détester faire qch
espérer qch → espérer faire qch
aimer qch → aimer faire qch
souhaiter qch → souhaiter faire qch
désirer qch → désirer faire qch
oser qch → oser faire qch
► Aimer est un exemple intéressant de l’évolution de la construction d’un verbe. Il exigeait autrefois aussi un
marqueur de : Je n’aime pas de pleurer (Racine).
Aujourd’hui, on l’emploie dans la langue courante sans marqueur (il aime lire). Dans le style soutenu, on l’emploie aussi avec à (il aimait à lire), qui était la construction courante au XVIIIe siècle. On a donc trois possibilités : aimer lire (utilisation moderne normale), aimer à lire (style moderne littéraire), aimer de lire (archaïque). De nombreux verbes se construisant aujourd’hui avec à admettaient en français classique le marqueur de : hésiter de faire (aujourd’hui : hésiter à faire qch), apprendre de faire, se refuser de faire (aujourd’hui se refuser à faire qch), etc.
REMARQUES
1. Quand il est employé sans COI, le verbe souhaiter se construit sans marqueur (il a souhaité partir). Mais quand il a
un COI (souhaiter qch à qqn), on utilise le marqueur de devant l’infinitif :
Il a souhaité tenir sa conférence un jour de semaine.
Les participants ont souhaité faire une pause d’une heure.
Elle a souhaité aux étudiants de poursuivre dans la voie qu’ils avaient choisie.
Nous lui avons souhaité de réussir dans son nouvel emploi.
2. La liste des verbes présentée ci-dessus montre que la construction des verbes ne change pas quand le COD est un
infinitif. Cependant, le sens des verbes avec infinitif COD précédé du marqueur de n’est pas toujours équivalent à celui des verbes dont le COD est un groupe nominal. Ainsi, dans la liste
ci-dessus, on peut dire que les seuls verbes dans lesquels la pronominalisation du COD GN et celle du COD infinitif se réalisent facilement (avec le pronom neutre ÇA à la forme COD le)
sont : conseiller, déconseiller, envisager, jurer, mériter, promettre, proposer, regretter, reprocher, se rappeler.
Mes amis m’ont proposé d’aller en Inde. → Mes amis me l’ont proposé.
Le médecin à conseillé à mon père de boire du lait. → Le médecin le lui a conseillé.
On peut ajouter à cette liste quelques verbes qui permettent la pronominalisation par le s’il y a également un
pronom COI :
interdire, pardonner, demander, permettre
• Dans le cas d’interdire et de permettre, on peut aussi trouver le pronom le COD employé seul, mais le plus souvent le
« destinataire » (COI) est sous-entendu ou identifiable :
Ils voulaient construire un petit chalet au bord du lac, mais la règlementation actuelle l’interdit strictement.
[signifie « l’interdit à tout le monde » ou « le leur interdit »]. — Les actes d’état civil ne peuvent pas être transmis par courriel car la loi ne le permet pas encore. [même remarque].
• En revanche, demander et pardonner ne s’emploient pratiquement pas sans qu’on exprime également un pronom COI en même
temps que le P3 neutre COD :
Enfin, ne raccrochez pas avant que les secours que vous aurez au bout du fil ne vous le demandent.
— Seule la fin semble un rien précipitée, mais c’est un si petit défaut dans cet album magnifique qu’on le lui pardonne
bien.
3. Dans la plupart des cas, le groupe [de INFINITIF] n’est pas directement pronominalisable :
Elle achève son travail. → ? Elle l’achève. Mais : Elle achève de diner → ??
Il a oublié d’aller à son rendez-vous → ?Il l’a oublié (plutôt : Il a oublié d’y aller ou simplement Il a
oublié).
Dans les autres cas, la pronominalisation se réalise le plus souvent avec faire (lui-même introduit par le marqueur
de).
4. Pour certains verbes, l’usage ne s’est pas fixé : on peut dire continuer à faire ou continuer de faire ; de même,
littérairement on peut dire aimer à faire au lieu de aimer faire. C’est également le cas du verbe demander, qui se construit avec le marqueur à quand l’infinitif COD est au passif
:
Le préfet a demandé à être reçu par le ministre de l’Intérieur. — Un détenu demande à être libéré. —
Socrate demanda à être nourri au Prytanée, comme les vainqueurs olympiques.