Champrosay, le 8 oct. 1861
Mon cher Monsieur
Je ne vois qu’au retour d’un voyage qui m’a éloigné quelque temps de Paris votre article toujours si bienveillant et d’une tournure si originale, comme tout ce que vous faites, sur mes peintures de St Sulpice. Je vous remercie bien sincèrement et de vos éloges, et des réflexions qui les accompagnent et les confirment, sur les effets mystérieux de la ligne ET de la couleur, qui ne sentent hélas que peu d’adeptes. Cette partie musicale et arabesque n’est rien pour bien des gens qui regardent un tableau comme les anglais regardent une contrée quand ils voyagent : c’est dire qu’ils ont le nez dans le guide du voyageur, afin [de] s’instruire consciencieusement de ce que le pays rapporte en blés et autres denrées et de même les critiques bons sujets veulent comprendre afin de pouvoir démontrer ce qui ne tombe pas absolument sous le compas ne peut les satisfaire ; ils se trouvent volés devant un tableau qui ne démontre rien et qui ne donne que du plaisir.
Vous m’avez écrit il y a deux mois relativement au procédé que j’emploie pour peindre sur mur : mais je ne savais où adresser une réponse. Je prends le parti aujourd’hui de vous adresser mes actions de grâce au bureau de la revue.
Mille sincères amitiés et remerciements.
E Delacroix