La littérature se ne traduit pas. La littérature se vit ; surtout la Poésie. La traduire est une tentative d’assassinat. Il faut la lire, dans l’autre langue, en public, dans un silence imposé. La dire lui restitue toute sa splendeur, dans les deux langues : la source et la destination. Un voyage aller-retour dans la Beauté. Mais à chaque impératif son exception. Je n’ai pu résister à voler ces mots d’un livre écrit en Arabe*. Un texte qui m’a bouleversé, qui m’a explosé dans la figure, de part et d’autre dans le livre, telle une kyrielle de bombes à retardement. Ce livre parle d’Algérie, d’amour, de souffrance, d’exil, d’endroits, de solitude, de mort et surtout d’une patrie.
" Je veux t’aimer ici , dans une demeure bâtie telle ton corps, une demeure conçue comme une maison
andalouse. Je veux fuir avec toi ces villes construites comme des boîtes, loger ton amour dans une demeure qui te ressemble, suivant les courbes de ta féminité arabe. Une demeure où se cache
derrière ses arcs, ses rondeurs et ses dessins mon souvenir premier. Une maison où le jardin sommeille dans l’ombre d’un citronnier géant, un citronnier qui ressemble à ceux plantés par les
Arabes dans leurs demeures andalouses. Je veux m’asseoir à tes côtés, comme je reste ici devant ce petit ruisseau où nagent des poissons rouges, te contempler, surpris. Je sens ton corps comme je
respire l’odeur du citron vert avant de mûrir. Toi mon fruit défendu. Devant chaque arbre, je te désire. "
---
* Extrait traduit de l’Arabe de "Mémoires de la chair" - Ahlem Mosteghanemi- Dar Al’Adab - Beyrouth - 1988
Posté par Fouzia, le 19/12/2010