En entrée, rien de plus simple ni de plus sublime qu’un œuf dur-mayonnaise. Cette délicieuse émulsion d’huile, de jaune
d’œuf, de moutarde, d’un peu de vinaigre et de beaucoup de talent, est semble-t-il récente. Elle est attestée en 1806 dans l’expression saumon à la mayonnaise.
Très vite, cette sauce se répand dans les assiettes comme dans la langue. On en relève des emplois dérivés, techniques. Par exemple, les peintres nomment mayonnaise une peinture à base
d’huile et de jaune d’œuf. On en connaît aussi de nombreux sens figurés : ainsi l’expression faire monter la mayonnaise signifie en faire toute une histoire.
Curieusement, on n’est pas certain de l’origine du terme. En 1756, le duc de Richelieu prit la ville de Port Mahòn dans les Baléares. On raconte que son cuisinier improvisa une sauce avec les moyens du bord, une mahonnaise, devenue mayonnaise. Origine bien douteuse. D’abord, cela se passait longtemps avant l’apparition de la mayonnaise, et l’on n’a jamais relevé le mot mahonnaise …
Alors ?
Un petit malin a pensé une altération de l’adjectif bayonnaise, de la ville de Bayonne. Rappelons-nous que le terme est apparu dans l’expression saumon à la mayonnaise. Pourquoi
pas un « saumon à la bayonnaise », ce qui rendrait hommage aux grandes qualités culinaires de cette ville ? Nous n’en saurons sans doute jamais rien ...
Entre nous, pas de quoi faire monter la mayonnaise. Il vaut mieux se la faire servir. :-)
(Texte basé sur les études de l'éminent linguiste Bernard Cerquenglini)