Paroles de saisons !
L - La pluie :
L’hiver m’invite et je ne pense pas pouvoir lui résister
C’est drôle, je ne me sens moi qu’en hiver.
Le - Le vent :
C’est beau ça !
La - La pluie :
Oui…Déjà son froid me nargue !
Le - Le vent :
L’hiver t’invites ?j’ai envie de commenter cette phrase mais j’hésite et je ne sais pas pourquoi
La - La pluie :
Laisse tes mots vagabonder ,respirer, c’est un moment unique de partage y’en a pas beaucoup comme nous qui parlent de l’hiver, du sable ou de la mer. Le quotidien tue tout cela chez les autres.
Le - Le vent :
Je me pose souvent la question : qu’est-ce qui peut lier deux âmes par une froide nuit d’hiver ? Par quelle magie pourraient-elles arriver à se reconnaître, à se comprendre sans même se parler ?
La - La pluie :
Et quelle question ! Peut-être la magie du destin.
Le - Le vent (un silence) :
Pluie mon amie, les mots m’échappent.
La - La pluie :
C’est ton silence qui transmet le plus, ce silence qui parle, qui ose, qui dit…
Le - Le vent :
Deux mots mystérieux demeurent une énigme pour moi : le silence et l’absence. Ne dit-on pas que l’absence ressentie est la meilleure des présences ?
La - La pluie :
Oh que c’est intense et que c’est beau !
Le - Le vent :
Pareil pour le silence, le silence qui ravive, le silence qui tue, le silence qui dit, le silence qui….
La - La pluie :
Le silence qui protège, prend soin, couve, adopte…
Le - Le vent :
Il est des silences qu’on cherche, dont on a besoin.
La - La pluie :
C’est vrai. Parfois on l’invite à notre table et on paie l’addition juste pour qu’il soit là.
Le - Le vent :
Oh que c’est beau.
La - La pluie :
Vent mon ami, c’est grâce à ton silence, lui qui ravive mes sens. Ce silence qui nous emmène là où les rêves sont permis.
Le - Le vent :
Dommage que ces rêves demeurent des rêves.
La - La pluie :
C’est là toute la magie… Tu n’as toujours pas commenté ma phrase : « l’hiver m’invite ». Serais-tu jaloux de l’hiver ?
Le - Le vent :
Non. Car l’hiver c’est toi. L’hiver c’est moi.
La - La pluie :
Crois-tu que si j’accepte son invitation, il pourrait supporter mon silence ?
Le - Le vent :
Tu ne réalises toujours pas le pouvoir de l’hiver… Y a-t-il une autre saison plus patiente que lui ?
La - La pluie :
Tu as raison. Mais mon silence sera lourd ; je n’oserai lui faire supporter cela.
Le - Le vent :
Ces nuits, aussi longues soient-elles, sauront assumer. Elles sauront interpréter.
La - La pluie :
Et si par besoin, je me décidais à parler, m’écoutera-t-il jusqu’au lever du jour ?
Le - Le vent :
L’une des qualités de l’hiver, c’est la patience.
La - La pluie :
Le sommeil, ne jouera-t-il pas contre moi ?
Le - Le vent :
Il est patient donc il veille.
La - La pluie :
Sera-t-il convoité par les étoiles ? Me laissera-t-il tomber ?
Le - Le vent :
Le fera-t-il à ton avis ?
La - La pluie :
… A moins que ma voix ne lui réchauffe plus le cœur, ou que ma rime déserte son âme.
Le - Le vent :
Toi, pluie… Essaie. Qu’est-ce qui te retient ?
La - La pluie :
Je voudrais qu’il m’ouvre les volets de son univers, qu’il m’adopte les yeux fermés. Moi qui dépend des ses longues nuits. Tu crois que je réussirais ?
Le - Le vent :
A cette question, il n’y a que toi seule qui puisses y répondre.
La - La pluie :
J’ai besoin qu’il me fasse signe, que sa fraîcheur m’inonde et que sa brise défasse ma chevelure.
Le - Le vent :
Pour cela, je cours ouvrir moi-même ses volets. Pour toi je le ferai. Je sais que ses bras seront ouverts pour te couvrir, défaire ta chevelure. Mais il est parfois dur, l’assumeras-tu ?
La - La pluie :
Je porterai mon châle. Je couvrirai mes mains.
Le - Le vent :
Elles sont si froides tes mains. Elles ont besoins d’être réchauffées. Viens. Approche. Juste ici, devant cette cheminée.
La - La pluie :
C’est vrai, je le sens. Elles commencent à se réchauffer. Car l’hiver m’a tout dit. Tout confié. Il est prêt à m’adopter en silence. Il doit juste savoir quand est-ce qu’il doit ouvrir et fermer ses volets.
Le - Le vent :
Dis, avait-t-il été injuste au moins une seule fois envers toi ?
La - La pluie :
Je ne répondrai à cela qu’en sa présence. D’ailleurs je ne serai pas seule, je serai accompagnée. Sera-t-il d’accord ?
Le - Le vent :
Pas seule ?
La - La pluie :
Oui. Je serai enlacée par deux si belles « vérités ». Vent mon ami, pourrais-tu me rendre un service ?
Le - Le vent :
Toujours.
La - La pluie :
Dis-lui que, parole de saison, il ne sera pas déçu.
Le - Le vent (ému) :
Promis. Je le lui transmettrai.