Pédagogie de l’erreur en production écrite
Les recherches effectuées dans le domaine de la didactique des langues étrangères ont démontré que le traitement et l’utilisation des erreurs à l’oral et à l’écrit occupaient depuis longtemps une place importante dans les travaux sur l’acquisition des langues. En général, en situation de production écrite, il est reconnu que l’évaluateur a tendance à sanctionner énormément les fautes d’ordre morphosyntaxique. Or, il est important de prendre en considération les autres critères d’évaluation.
Quant aux erreurs, comme elles font partie du processus d’apprentissage, il serait aberrant de les considérer comme impardonnables et comme inconvénients inséparables de ce processus. Au contraire, elles sont la preuve que l’apprenant est en train de faire fonctionner son « interlangue » dont le système linguistique est en train de se mettre en place. C’est pourquoi, plus particulièrement en évaluation formative, il est essentiel d’utiliser les erreurs comme un moyen de réaliser des activités de remédiation. De cette façon, elles ne seront plus ressenties comme négatives, mais tout au contraire comme un moyen d’apprendre et de progresser.
De ce point de vue, à l’écrit, il est fortement conseillé de savoir distinguer les différentes erreurs possibles et de
les classifier pour pouvoir y remédier. Alors, quelle démarche corrective faut-il et/ou doit-on adopter ? Dans cette optique, Christine Tagliante propose des « activités de conceptualisation,
systématisation et de réemploi. »
1. Conceptualisation
Il s’agit de la conceptualisation grammaticale. Elle représente le mieux la méthodologie de l’approche communicative. Cette activité exige le développement des capacités intellectuelles et met certaines techniques d’analyse, de réflexion, de synthèse et de déduction à la disposition de l’apprenant lors du processus de l’apprentissage d’une langue étrangère.
2. Systématisation
Il est question de la systématisation des règles de grammaire. L’objectif consiste à amener l’apprenant à faire le point systématiquement sur ce qu’il a déjà appris et acquis, sur ce qu’il possède et voudrait acquérir. Selon que l’apprenant a connu les faits linguistiques dans des documents authentiques, la systématisation lui permet de mieux se situer, de définir ses compétences, de reconnaître ses atouts et de pouvoir les revaloriser dans sa production écrite.
Ainsi, cela aidera l’apprenant à comprendre que les règles grammaticales sont inutiles si elles ne sont pas utilisées correctement pour la transmission correcte du message. Sinon, le message sera transmis d’une façon erronée. Il est donc conseillé de faire des exercices de reformulation des règles découvertes en vue de pouvoir diminuer le nombre d’erreurs à l’écrit.
3. Appropriation et fixation
Ces deux activités qui visent l’appropriation et la fixation des points de grammaire découverts en conceptualisation, exigent la pratique d’une structure de manière intensive, surtout en interaction écrite. Pour ce faire, il est nécessaire d’aider l’apprenant à utiliser le lexique et le thème qui entourent cette structure. Il faut donc favoriser l’emploi répété de la structure à fixer. Selon Gilberte Niquet, il faut « remettre l’élève au contact du matériau pour que l’acquisition se forme et devienne automatisme. ». Contrairement à ce que l’on croit, il est admis qu’un seul contact avec une structure linguistique, syntaxique ou un mot n’est pas suffisant afin que l’apprenant puisse se l’approprier.