Campus universitaire
L’enchaînement campus universitaire que l’on trouve dans les exemples suivants est considéré comme pléonastique.
Exemples fautifs :
- Plusieurs activités sont prévues sur le campus universitaire à l’occasion de la rentrée.
- Il se rappelle avec nostalgie ces années où il arpentait le campus universitaire avec ses copains.
- Pierre et Paul se sont donné rendez-vous au café situé sur le campus universitaire.
En effet, le mot campus signifie « complexe universitaire, vaste terrain où sont construits des bâtiments universitaires et des résidences étudiantes » et l’adjectif universitaire a pour sens « qui appartient, qui a rapport à l’université ». Il y a donc redondance puisque les deux termes renvoient directement à la réalité universitaire.
On écrirait donc préférablement :
- Plusieurs activités sont prévues sur le campus à l’occasion de la rentrée.
- Il se rappelle avec nostalgie ces années où il arpentait les sentiers universitaires avec ses copains.
- Pierre et Paul se sont donné rendez-vous au café situé sur le campus.
Ce n’est cependant pas tous les ouvrages de référence qui considèrent cet emploi comme pléonastique. En effet, il semble que le mot campus ait connu une extension sémantique et qu’il en soit venu à désigner tout vaste terrain aux allures de parc où sont érigés des bâtiments et résidences scolaires.
Au Québec, l’expression campus universitaire semble aussi trouver sa justification dans le fait que certains collèges d’enseignement général et professionnel (cégeps) comprennent aussi plusieurs bâtiments situés sur un vaste terrain et qui forment ce que l’on appelle un campus (exemple : le Campus Notre-Dame-de-Foy, qui est un collège privé situé dans la région de Québec). Dans ce cas, l’enchaînement campus universitaire paraît acceptable puisqu’il permet d’éviter toute confusion.
Notons par ailleurs que l’expression campus collégial est usitée dans certaines publications gouvernementales.
Collaborer ensemble
L’enchaînement collaborer ensemble que l’on trouve dans les exemples suivants est considéré comme pléonastique.
Exemples fautifs :
- L’acteur principal et le réalisateur ont collaboré ensemble au scénario de ce film.
- S’ils veulent résoudre ce problème, les premiers ministres devront collaborer ensemble.
Le verbe collaborer vient du bas latin collaborare, qui est formé de co-, qui signifie « avec », et de laborare, qui signifie « travailler ». Ce verbe signifie donc « travailler en commun à une entreprise, à une œuvre », et l’adverbe ensemble a pour sens « l’un avec l’autre, les uns avec les autres ». Il y a donc redondance puisque l’idée de communauté, de regroupement est présente deux fois.
On écrirait donc préférablement :
- L’acteur principal et le réalisateur ont collaboré au scénario de ce film.
- S’ils veulent résoudre ce problème, les premiers ministres devront travailler ensemble.
L’expression collaborer ensemble, dans certains contextes, ne sera pas sentie comme pléonastique parce qu’elle vient répondre à un souci de clarté.
Exemples :
- Louis et Carole ont collaboré ensemble à un projet de recherche sur le cancer.
- Lorsqu’ils étaient étudiants, ils ont collaboré ensemble à une revue culturelle.
- Louis et Carole ont collaboré à un projet de recherche sur le cancer.
- Lorsqu’ils étaient étudiants, ils ont collaboré à une revue culturelle.
Les deux premiers exemples laissent entendre que Louis et Carole ont travaillé en équipe à un même projet ou à une même revue, alors que dans les deux derniers exemples, ils peuvent avoir travaillé à deux projets de recherche différents ou à des revues différentes. Ici, l’emploi de l’enchaînement collaborer ensemble sert à clarifier l’idée exprimée et à lever toute ambiguïté.
En résumé, dans la langue soignée, on tentera d’éviter le pléonasme
collaborer ensemble lorsque le contexte ne soulève aucune ambiguïté. Dans le cas contraire, l’usage
autorise, par souci de clarté, l’emploi de l’expression collaborer ensemble.
Comme par exemple
Les enchaînements comme par exemple et ainsi par exemple que l’on trouve dans les exemples suivants sont considérés comme pléonastiques.
Exemples fautifs :
- J’adore fréquenter des expositions, comme par exemple celle de Rodin qui a été présentée à Québec il y a quelques années.
- Plusieurs oiseaux passent l’hiver au Québec, comme par exemple les mésanges, les geais et les moineaux.
- Certaines infractions ont des conséquences très graves; ainsi par exemple, si vous conduisez en état d’ébriété, vous risquez de perdre votre permis.
En effet, les conjonctions comme et ainsi introduisent un exemple et signifient « par exemple » et la locution conjonctive par exemple s’emploie lorsqu’on veut expliquer, illustrer par un exemple ce qui vient d’être dit. Il y a donc redondance puisque chacune des conjonctions employées sert à introduire un exemple.
On écrirait plus correctement :
- J’adore fréquenter des expositions, comme celle de Rodin qui a été présentée à Québec il y a quelques années.
- Plusieurs oiseaux passent l’hiver au Québec, par exemple les mésanges, les geais et les moineaux.
- Certaines infractions ont des conséquences très graves; ainsi, si vous conduisez en état d’ébriété, vous risquez de perdre votre permis.
La locution conjonctive par exemple employée avec la conjonction ainsi ou comme peut parfois suggérer une forme d’insistance. Mais généralement, on peut marquer cette insistance soit par une pause à l’oral, soit par l’emploi de virgules avant et après par exemple à l’écrit, ce qui permet d’éviter les tours pléonastiques.
Exemple :
- Les femmes chefs de familles monoparentales qui occupent un emploi à
temps plein connaissent souvent plus de problèmes que les autres femmes. Ainsi, par
exemple, elles seront davantage sujettes à l’épuisement professionnel. (Ainsi, mais ce n’est qu’un exemple,
elles…)
Comparer ensemble
L’enchaînement comparer ensemble que l’on trouve dans les exemples suivants est considéré comme pléonastique.
Exemples fautifs :
- Avant de rééditer cet ouvrage, l’éditeur devra comparer ensemble le manuscrit et la première édition.
- Si l’on compare ensemble le français et l’espagnol, on observe de nombreuses similitudes.
- Les étudiants en architecture ont comparé ensemble ces bâtiments qui datent du Régime français.
En effet, le verbe comparer signifie « examiner les rapports entre des choses, des personnes en vue de dégager leurs différences et leurs ressemblances » et l’adverbe ensemble signifie « l’un avec l’autre, les uns avec les autres ». Il y a donc redondance puisque la signification de chacun des mots sous-entend la présence d’au moins deux éléments qui sont mis en relation.
On écrirait donc préférablement :
- Avant de rééditer cet ouvrage, l’éditeur devra comparer le manuscrit et la première édition.
- Si l’on compare le français et l’espagnol, on observe de nombreuses similitudes.
- Les étudiants en architecture ont comparé ces bâtiments qui datent du Régime français.
L’expression comparer ensemble n’est cependant pas considérée comme pléonastique par tous les grammairiens. En effet, certains ouvrages de
référence reconnus relèvent cette expression sans pour autant la critiquer. Il semblerait donc que l’effet de redondance ne soit pas toujours senti dans l’usage. Toutefois, comme l’adverbe
ensemble n’ajoute rien à la précision de la formulation, nous retiendrons qu’il convient d’éviter le pléonasme, en particulier dans la langue
soignée.
Confronter mutuellement
L’enchaînement confronter mutuellement que l’on trouve dans les exemples suivants est considéré comme pléonastique.
Exemples fautifs :
- Nous avons confronté mutuellement nos résultats.
- Lors du débat, les deux chefs de parti ont confronté mutuellement leur point de vue.
- Durant l’interrogatoire, les policiers cherchent à confronter mutuellement les versions des témoins de l’accident.
Le verbe confronter vient du latin confrontare, formé à partir du mot frons qui signifie « front ». Sur le plan étymologique, le mot confronter signifie donc « mettre front à front » ou « mettre face à face ». En français moderne, ce verbe signifie « comparer d’une manière suivie, point par point; examiner des choses, des faits, des idées dans un esprit de comparaison, pour mettre en évidence les rapports de ressemblance ou de différence sur lesquels fonder son opinion », et l’adverbe mutuellement a pour sens « d’une manière qui implique un échange entre des personnes ou des choses ». Il y a donc redondance puisque l’idée de réciprocité est présente deux fois. La signification de chacun des deux mots sous-entend un va-et-vient entre les choses ou les personnes en question.
On écrirait donc préférablement :
- Nous avons confronté nos résultats.
- Lors du débat, les deux chefs de parti ont présenté mutuellement leur point de vue.
- Durant l’interrogatoire, les policiers cherchent à confronter les versions des témoins de l’accident.
Par ailleurs, l’expression confronter quelqu’un ou quelque chose au sens de « se poser, se présenter » est jugée fautive par certains grammairiens.
Exemple :
- Il faudra résoudre les problèmes qui se présentent à nous. (plutôt que : les problèmes qui nous
confrontent.)
Consensus commun
L’enchaînement consensus commun que l’on trouve dans les exemples suivants est considéré comme pléonastique.
Exemples fautifs :
- Les sondages ont démontré qu’il y avait un consensus commun sur cette question.
- Après avoir obtenu un consensus commun chez ses conseillers municipaux, le maire a présenté son plan d’aménagement à la population.
- Durant l’assemblée syndicale, on a observé un consensus commun sur la question des augmentations de salaire.
En effet, le nom consensus signifie « accord entre plusieurs personnes » et l’adjectif commun a pour sens « qui est fait conjointement, à plusieurs ». Il y a donc redondance puisque l’idée de communauté est présente deux fois. La signification de chacun des deux mots sous-entend la participation de plusieurs personnes (sinon de la majorité) au processus.
On écrirait donc préférablement :
- Les sondages ont démontré qu’il y avait un consensus sur cette question.
- Après avoir obtenu un consensus général chez ses conseillers municipaux, le maire a présenté son plan d’aménagement à la population.
- Durant l’assemblée syndicale, on a observé un consensus sur la question des augmentations de salaire.
Au fil du temps, le mot consensus a connu une restriction de sens et en est venu à désigner l’accord et le consentement du plus grand nombre, de l’ensemble ou d’une large majorité de l’opinion publique. On le trouve maintenant employé, dans cette acception, dans différentes expressions comme : consensus social, consensus québécois, large consensus, etc.
Exemples :
- Les politiciens cherchent à obtenir le consensus social sur cette question.
- Le parti au pouvoir essaie de régler ses actions sur le consensus québécois.
- Les journalistes ont interrogé la population à la suite des
derniers attentats : ils en ont tiré un large consensus de consternation.
Contraint malgré lui
L’enchaînement contraint malgré lui que l’on trouve dans les exemples suivants est considéré comme pléonastique.
Exemples fautifs :
- Certes, Benoît est heureux d’avoir obtenu ce poste, mais il est contraint malgré lui de déménager.
- Charlotte est contrainte malgré elle d’assurer tous les préparatifs du colloque.
- La situation économique difficile a contraint malgré eux ces employeurs à congédier des dizaines d’employés.
- J’ai été contrainte malgré moi de signer cette pétition.
En effet, l’adjectif verbal contraint signifie « qui est obligé, forcé à agir contre son gré » et la locution adverbiale malgré lui signifie « de mauvais gré, contre son gré ou sa volonté ». Il y a donc redondance puisque l’idée de contrainte est présente deux fois. Chacun des deux éléments indique que le sujet en question subit une pression et que l’action n’est pas accomplie volontairement.
On écrirait plus correctement :
- Certes, Benoît est heureux d’avoir obtenu ce poste, mais il doit malgré lui déménager.
- Charlotte est contrainte d’assurer tous les préparatifs du colloque.
- La situation économique difficile a contraint ces employeurs à congédier des dizaines d’employés.
- J’ai signé malgré moi cette pétition.
Notons cependant que la locution figée contraint et forcé, qui signifie « sous la contrainte », est admise par l’usage, bien qu’elle soit pléonastique.
Exemples :
- Je n’y consentirai que contraint et forcé.
- Ce pays ne déclarera la guerre que contraint et forcé.
Devant un infinitif, le verbe contraindre se construit indifféremment avec les prépositions à ou de. Devant un nom, il se construit cependant avec la préposition à.
Exemples :
- La maladie l’a contraint à se reposer (ou de se reposer).
- Sa maladie l’a contraint au repos.
À la forme passive, la présence du complément d’agent entraîne plutôt l’emploi de la préposition à.
Exemple :
- Jacques est contraint par le vice-président à remettre sa démission.
Enfin, on notera que le verbe contraindre se conjugue comme le verbe craindre : il contraint, nous contraignons, que vous contraigniez, etc.