
Faire que et faire en sorte que
Les locutions verbales faire que et faire en sorte que peuvent être confondues. Elles ont pourtant leurs sens et leurs emplois propres.
La locution faire que signifie « avoir pour résultat, pour effet que » et elle est suivie d'un verbe à l'indicatif. Le sujet de cette locution verbale ne peut être une personne.
Exemples :
- Tous ces éléments font qu'il retournera vivre chez ses parents pour une période indéterminée.
- Son imprudence a fait qu'il s'est blessé en escaladant le versant abrupt d'une montagne.
- Les circonstances ont fait que personne n’a pu être sauvé.
La locution faire que peut aussi s’employer pour exprimer un souhait, un désir. Dans cet emploi, le verbe faire est employé à l'impératif, ou au subjonctif dans un style plus littéraire. Le verbe de la subordonnée qui suit est au mode subjonctif.
Exemples :
- Faites qu'elle ne m'en veuille pas trop!
- Fasse que le destin nous réunisse.
Quant à la locution faire en sorte que, elle signifie « agir de façon à, veiller à ». Cette locution suppose donc une volonté d’agir; c’est pourquoi le sujet est normalement une personne. Le verbe de la subordonnée qui suit cette locution peut être au subjonctif; l’action évoquée exprime alors la finalité, le but poursuivi. Le verbe de la subordonnée introduite par faire en sorte que peut aussi être au mode indicatif; il évoque alors une conséquence considérée comme certaine.
Avec les mêmes sens, on trouve également la locution faire en sorte de, qui introduit un verbe à l'infinitif; on emploie l’infinitif plutôt que l’indicatif ou le subjonctif lorsque le sujet de la principale fait l’action du verbe de la subordonnée.
Exemples :
- Pourriez-vous faire en sorte qu'il revienne avant 10 h?
- Nous ferons en sorte que vous soyez logés convenablement.
- Elle a fait en sorte que personne ne l’a reconnue.
- Sophie fit en sorte que tous ses invités ne manquèrent de rien.
- Faites en sorte de ne pas arriver en retard!
- Elle fit en sorte de se faire entendre sur la place publique.
Fleurissant et florissant
On confond parfois les mots fleurissant et florissant qui ont la même origine mais dont la nature et les emplois peuvent être différents : alors qu’on emploie fleurissant comme participe présent du verbe fleurir au sens propre, florissant peut être utilisé comme participe présent de fleurir au sens figuré, ou comme adjectif verbal.
On emploie toujours le participe présent fleurissant lorsque le verbe fleurir a l’un de ses sens propres, c’est-à-dire « produire des fleurs », « être en fleurs » ou « orner de fleurs ». Au sens figuré, fleurir peut signifier « s’épanouir comme une fleur » ou « prospérer, se développer ». Dans ces emplois, fleurir présente une particularité de conjugaison : le verbe s’écrit généralement avec le radical flor-, qui vient de l’ancien verbe florir, au participe présent et à l’imparfait de l’indicatif (florissant et florissait).
Exemples :
- Isabelle aime bien contempler les vivaces fleurissant dans sa cour.
- Fleurissant la boutonnière de son garçon, Hélène versa quelques larmes à l’idée qu’il allait se marier.
- À cette époque-là, l’industrie du spectacle florissait peu et beaucoup d’artistes étaient sans emploi.
- Leur amour florissant touchait bien des gens dans leur entourage.
L’adjectif florissant vient quant à lui de florir, ancienne forme du verbe fleurir qui est maintenant rare mais qu’on trouve encore parfois en littérature. Cet adjectif signifie « qui est prospère, qui s’épanouit » ou, plus particulièrement, « qui est en très bonne santé, sain ».
Exemples :
- La crise économique mondiale ne semble pas affecter l’économie florissante de cette région.
- Notre jeune entreprise de communication a fait des affaires florissantes l’an dernier.
- Cette enfant a une santé florissante.
Quant à l’action de « fleurir » et au résultat de cette action, au sens propre, on les exprime par le nom fleurissement. Le nom florissement est attesté mais il est d’un emploi très rare.
Exemples :
- Le fleurissement spectaculaire de leur terrain a attiré tous les curieux du quartier, et même d’ailleurs.
- La Ville a récompensé le plus joli fleurissement de son territoire en décernant à son créateur un arbre floral d’une grande beauté.
Enfin, dans la même famille lexicale, on trouve le nom floraison qui signifie, au sens propre, « épanouissement des fleurs » ou « période d’épanouissement des fleurs » et au sens figuré « apparition au même moment d’une grande quantité de personnes ou de choses remarquables ». Dans le même sens, on trouve aussi le nom fleuraison, littéraire et moins répandu.
Exemples :
- La floraison des pommiers a généralement lieu un peu avant la mi-avril.
- Les festivals d’été sont l’occasion d’être témoin de la floraison des talents dans nos milieux
artistiques.
Français et francophone
On confond parfois les adjectifs français et francophone, qui ont des sens distincts mais qui peuvent dans certains contextes tous deux signifier « d’expression française ».
L’adjectif français a le sens de « qui est propre à la France, à ses habitants ou à sa culture ». Il sert aussi à qualifier ce qui est relatif à la langue qui a son origine en France, par exemple : la langue française, un mot français, un dictionnaire français.
Exemples :
- Louise apprécie beaucoup les cuisines française et italienne.
- Isabelle a eu de la difficulté à s’habituer à l’accent français lors de son séjour à Paris.
- La traduction française de ce roman est à la fois vivante et rigoureuse.
L’adjectif francophone signifie « relatif à une personne qui parle couramment français ou à un lieu où le français est la principale langue en usage ».
Exemples :
- Cet été, nous hébergerons des étudiants francophones du Maroc en visite au Québec.
- Ma famille habite Neuchâtel, une charmante ville francophone située en Suisse.
- Les textes de ce blog francophone sont écrits dans une langue approximative.
C’est dans le sens général « d’expression française » que les adjectifs français et francophone sont très proches. Alors que francophone est relatif à la francophonie, c’est-à-dire à tous les locuteurs qui parlent français, français concerne plus particulièrement les locuteurs francophones de la France. Ainsi, la littérature francophone est celle de tous les locuteurs du français, et la littérature française, celle des francophones de nationalité française. Au Canada, on emploie parfois français à la place de francophone pour parler de certaines réalités; par exemple, on parle du Canada français, de la majorité française, d’un réseau français de télévision. On évitera toutefois les cas où il peut y avoir une ambiguïté sémantique.
Exemples :
- Sophie s’est spécialisée dans la littérature française du XIXe siècle. (ou, dans un sens différent : la littérature francophone)
- Mon cousin a grandi en Ontario où il a étudié dans des écoles francophones jusqu’à l’âge de seize ans. (ou, au Canada : des écoles françaises)
Lorsqu’ils sont employés comme noms, français et francophone ont des sens distincts qui les différencient bien l’un de l’autre. Le nom français peut faire référence à la langue française ou, écrit avec une majuscule initiale, à une personne de nationalité française. Quant au nom francophone, qui s’écrit avec une minuscule initiale, il désigne une personne qui parle couramment le français.
Exemples :
- La majorité des clients sont des Français.
- Les cours d’été de français langue seconde débuteront à la mi-juin.
- L’Association des francophones du Nunavut a souligné en 2006 son 25e anniversaire.
Futur et avenir
Pour désigner le temps à venir, le nom futur est donné comme synonyme d’avenir dans bon nombre de dictionnaires. Les deux mots comportent pourtant des nuances de sens. C’est dans leurs emplois, dans les éléments qui les entourent en contexte que l’on peut trouver ce qui les distingue. Si dans certains contextes, ils peuvent être employés indifféremment, par exemple les moyens de transport de l’avenir ou du futur, dans la plupart des contextes, un terme est préférable à l’autre ou un seul des deux est possible.
Le nom futur s’emploie le plus souvent par opposition à passé et à présent; son sens est essentiellement temporel. Il renvoie à un temps à venir imaginé, lointain, sans référence particulière à ce qui adviendra dans ce temps à venir. Le nom avenir quant à lui renvoie à quelque chose de plus concret, de plus proche. L'avenir, c'est du temps à venir rempli par des événements, des projets, etc. On imagine le futur, on pense à l’avenir en quelque sorte.
Dans la langue courante, on trouve avenir avec des verbes comme : préparer, craindre, prédire l’avenir; songer à l’avenir, penser à son avenir, assurer l’avenir de ses enfants, s’inquiéter de l’avenir, se demander ce que l’avenir nous réserve. On dira de quelqu’un qu’il est plein d’avenir ou qu’il est promis à un brillant avenir, d’un métier, que c'est un métier d’avenir ou, au contraire, qu’il n’y a pas d’avenir dans ce métier.
Avenir se trouve aussi dans les locutions adverbiales à l’avenir et dans l’avenir. À l’avenir signifie « à partir de maintenant »; il est synonyme de désormais, de dorénavant. Il se dit en parlant d’un changement et suggère généralement que les choses n’ont pas été faites correctement jusqu’à maintenant.
Exemples :
- À l’avenir, je vérifierai moi-même les comptes.
- À l’avenir, les portes fermeront à 17 h.
- À l’avenir, nous voulons être informés de tout retard.
La locution dans l’avenir renvoie à un moment à venir et est synonyme de un jour prochain, ultérieurement.
Exemples :
- Certains craignent que, dans l’avenir, la lecture ne soit éliminée par les jeux vidéo.
- Dans l’avenir, on prévoit que les gens devront délaisser leur voiture personnelle pour les transports en commun.
Il faut souligner l’emploi abusif de futur au détriment d’avenir, sous l’influence de l’anglais future, qui peut traduire les deux formes. Ainsi, la locution dans le futur au sens d'« à l’avenir », s’explique sans doute par cette influence de l’anglais. Il faut donc éviter d’employer futur là où le contexte commanderait normalement avenir. Cette mise en garde ne doit toutefois pas nous empêcher d'employer futur dans les contextes appropriés.
Exemples :
- Ils s’inquiètent pour l'avenir de leurs enfants. (et non pour le futur de leurs enfants)
- À l'avenir, j’aimerais pouvoir compter sur une équipe compétente. (et non dans le futur)
- Nul ne peut prédire avec exactitude ce qui pourrait arriver dans le futur.

Grâce à et à cause de
On utilise parfois à tort les locutions grâce à et à cause de. En effet, ces deux locutions prépositives prêtent à confusion puisqu’elles comportent un sens commun qui est celui de « qui produit un résultat ».
La locution grâce à, qui signifie « au moyen de, à l’aide de quelqu’un ou quelque chose » implique nécessairement l’idée d’un résultat heureux.
Exemples :
- Grâce à son sens de l’orientation, Benoît a réussi à retrouver le bon chemin.
- C’est grâce aux bons conseils de son entraîneur que Christine s’est qualifiée dans l’épreuve de biathlon.
- Vincent a trouvé le sens d’un mot grâce à son étymologie latine.
- J’ai réussi à mener ce projet à terme grâce aux encouragements de mes proches.
- Grâce à l’intervention des policiers, nous avons démasqué les fraudeurs.
L’expression à cause de, qui signifie « en raison de, en considération de, par la faute de », implique généralement l’idée d’un résultat fâcheux.
Exemples :
- Il a perdu la maîtrise de sa voiture à cause de la chaussée glissante.
- Tous lui pardonnent son impatience à cause de son jeune âge.
- À cause de son état de santé, elle ne pourra pas partir en voyage comme prévu.
- C’est ta faute, c’est à cause de toi que nous avons manqué le train!
En résumé, grâce à s’emploie pour un résultat heureux, alors que à cause de s’emploie pour un résultat le plus souvent malheureux.
Exemple :
- C’est à cause
de toi que j’ai perdu mon emploi, mais c’est aussi grâce à toi que j’ai
découvert que je n’étais pas fait pour ce métier.
Gratis et gratuit
Tous deux d’origine latine, gratis (de gratis) et gratuit (de gratuitus) sont attestés en français depuis fort longtemps, en fait depuis le XVe siècle.
Gratis est un mot qui relève aujourd’hui de la langue familière. Il est le plus souvent adverbe. On peut, par exemple, visiter gratis, stationner gratis, téléphoner gratis, ou encore voyager gratis. Dans ces contextes, il est synonyme de gratuitement. L’expression figurée Demain, on rase gratis, pour signifier qu’on ne prend pas au sérieux une promesse qui a toutes les chances de n’être pas tenue, illustre bien cet emploi.
Mais gratis s’emploie aussi, bien que plus rarement, comme adjectif (invariable); il est alors synonyme de gratuit, par exemple dans un spectacle gratis, des places gratis.
Le fait que gratis soit senti comme familier explique qu’on lui préfère souvent, et notamment à l’écrit, les équivalents gratuit ou gratuitement, plus neutres, mais aussi, selon les contextes, des formules telles que
sans frais, gracieusement, sans débourser un
sou ou sans supplément.
Exemples :
- Ils ont pu assister gratuitement au spectacle. (ou plus familièrement gratis)
- L’enseignement public est gratuit et obligatoire.
- L’entrée est gratuite pour les membres de l’association.
- Des échantillons gratuits sont distribués aux clients.
- Il a pu entrer gratuitement parce qu’on le connaissait. (ou plus familièrement gratis)
- Des concerts gratuits sont présentés tous les soirs.
- On a pu avoir des places gratis pour la course. (ou dans un registre plus neutre gratuites)
- Avec leur forfait, ils ont l’accès à
Internet gratuit (ou sans frais).

Héréditaire et congénital
On utilise parfois à tort les mots héréditaire et congénital. En effet, ces deux mots prêtent à confusion puisqu’ils renvoient tous deux à une caractéristique présente à la naissance.
Le mot héréditaire signifie « qui se transmet selon les lois génétiques de l’hérédité », « qui est transmis par voie de succession » et, par extension, « qui est transmis de génération en génération par l’habitude, la tradition ».
Exemples :
- Le diabète est une maladie héréditaire.
- Dans la famille, on a tous les yeux bleus et les cheveux roux; c’est héréditaire!
- Dans les monarchies héréditaires, la couronne se transmet au sein d’une même famille.
- Ma mère avait une affection héréditaire pour la campagne.
Le mot congénital, qui vient du latin congenitus « né avec », signifie au sens propre « qui est présent à la naissance; dont l’origine se situe pendant la vie intra-utérine », « inné ».
Exemples :
- La trisomie 21 est une maladie congénitale.
- Les progrès de la médecine permettent de mieux détecter les malformations congénitales.
En résumé, ce qui est héréditaire est transmis par les parents et ce qui est congénital est présent au moment de la naissance. Notons que si tout caractère héréditaire est nécessairement congénital, l’inverse n’est pas toujours vrai. Ainsi, une maladie infectieuse transmise par contagion de la mère au fœtus pendant la grossesse est congénitale, mais non héréditaire.
Inconnu et inconnue
Le mot inconnu peut être adjectif ou nom. Comme nom, il a plusieurs sens; selon le sens qu’il a, il peut varier en genre ou encore être soit de genre masculin, soit de genre féminin.
L’adjectif inconnu signifie généralement « qu’on ne connaît pas ». Dans ce sens, il peut se dire d’une personne ou d’une chose; lorsqu’il s’agit d’une chose, il peut avoir le sens plus précis de « qu’on n’avait jamais connu ou éprouvé jusque-là ». On emploie aussi parfois l’adjectif inconnu dans le sens de « qui n’est pas célèbre ».
Exemples :
- Son étude porte sur les enfants nés de père inconnu.
- La cause de l’accident est encore inconnue.
- Elle se sentit envahie d’une joie inconnue.
- J’ai été invité au concert d’un artiste encore inconnu du grand public.
L’adjectif inconnu peut être suivi de la préposition à ou de la préposition de. En fait, on a longtemps recommandé d’employer uniquement la préposition à après cet adjectif (alors que l’adjectif connu est, lui, suivi de la préposition de). Cependant, aujourd’hui, la construction avec de est devenue plus courante que celle avec à et la majorité des grammairiens considèrent que les deux prépositions sont correctes. Lorsque le complément qui suit la préposition représente un lieu, cependant, on doit utiliser la préposition à.
Exemples :
- Il y a au bout de cette impasse un petit coin de paradis inconnu des touristes. (ou : inconnu aux touristes)
- Julien était inconnu à tous, mais il s’est vite fait connaître. (ou : inconnu de tous)
- Cette personne est inconnue à cette adresse.
Comme nom, inconnu peut désigner une personne que l’on ne connaît pas. Dans ce sens, inconnu peut varier en genre : il est masculin s’il désigne un homme et féminin s’il désigne une femme.
Exemples :
- Élise ne croyait pas au coup de foudre avant de rencontrer un charmant inconnu dans l’autobus.
- Une inconnue s’est présentée au bureau pour rencontrer Simon.
Lorsque le nom inconnu désigne ce qu’on ne connaît pas, en général, et qui nous est mystérieux, il est de genre masculin.
Exemples :
- Terminer ses études, c’est nécessairement affronter l’inconnu.
- François n’ose pas changer d’emploi; il a peur de l’inconnu.
- Karine a toujours été attirée par l’inconnu.
Le nom féminin inconnue désigne une variable dont on doit déterminer la valeur pour résoudre une équation algébrique. Il peut également désigner un élément d’une situation ou d’un problème qui n’est pas connu ou qu’on peut difficilement évaluer.
Exemples :
- Martin apprend à résoudre des équations à deux inconnues.
- L’inconnue est souvent représentée par la lettre x.
- La grande inconnue dans ce projet, c’est le nombre de participants.