
Cérébral et cervical
On confond parfois les adjectifs cérébral et cervical. Cérébral signifie « qui a rapport au cerveau », « relatif à l’esprit, aux idées » et « qui vit surtout par la pensée, chez qui prédomine l’activité intellectuelle ».
Exemples :
- Chez la majorité des humains, le siège du langage et de la parole se situe dans l’hémisphère cérébral gauche.
- Un roman d’Agatha Christie constitue toujours une sorte de jeu cérébral auquel le lecteur est appelé à participer.
- On dit de l’homme né sous le signe de la Vierge qu’il est très cérébral et peu émotif.
Cervical signifie « qui se rapporte à la région du cou, de la nuque » et « qui se rapporte à un orifice en forme de col (le fémur, la vessie et, plus particulièrement, l’utérus) ».
Exemples :
- Le rachis cervical compte sept vertèbres, dont l’atlas et l’axis.
- La prise de contraceptifs oraux à long terme pourrait augmenter le risque de souffrir d’un cancer cervical.
On associe cervical à cerveau sans doute parce que les deux termes débutent par
cerv- et que l’on croit que le premier a été créé à partir du deuxième. Or l’adjectif cervical est dérivé du latin cervix, qui signifie « cou, nuque ». Cérébral a quant a lui été
formé par suffixation sur le radical du mot latin cerebrum, qui signifie « cerveau ».
Circoncire et circonscrire
La prononciation proche des verbes circoncire et circonscrire peut prêter à confusion. Cette ressemblance tient au fait qu’ils sont tous deux formés à partir de l’élément latin circum, qui signifie « autour de ».
Circoncire vient du latin circumcidere, qui signifie « couper autour de », et a le sens de « pratiquer l’excision totale ou partielle du prépuce ».
Exemple :
- Certaines études concluent que les hommes circoncis sont moins exposés au risque de contracter le sida.
Circonscrire vient du latin circumscribere, qui signifie « tracer un cercle, une limite autour de », et a le sens de « tracer autour de quelque chose une ligne qui marque la limite », d’« empêcher une chose néfaste (un incendie, une épidémie, etc.) d’atteindre une certaine limite » ou de « délimiter, cerner un sujet, une recherche, etc. ». En ce sens, le verbe peut être utilisé à la forme pronominale.
Exemples :
- Les enfants ont circonscrit l’aire de jeu dans laquelle allait se dérouler la chasse au trésor.
- Circonscrire le terrorisme s’avère l’un des enjeux cruciaux de ce début du XXIe siècle.
- Le conférencier a d’entrée de jeu circonscrit le thème de son exposé.
- Le débat sur l’euthanasie s’est circonscrit aux questions éthiques que soulève cette pratique.
L’élément latin circum a engendré d’autres mots en français, dont circonférence,
circonscription, circonvolution, circonlocution,
circonspection, circonstance, etc.
Civil et civique
Même si les adjectifs civil et civique ont une parenté phonétique et étymologique, leurs significations diffèrent.
L’adjectif civil signifie « relatif à la collectivité et aux rapports sociaux entre citoyens ». Dans le domaine du droit, il signifie « qui concerne les rapports juridiques entre individus »; ce deuxième sens fait référence à la loi et s’oppose à criminel. Cet adjectif peut enfin avoir le sens de « qui ne présente pas de caractère militaire ou religieux ».
Exemples :
- La révolte du peuple contre le pouvoir colonial a marqué le début d’une longue guerre civile.
- Les années bissextiles permettent de faire concorder l’année civile avec l’année solaire.
- Le droit à la nationalité, un droit civil très important, est inscrit dans plusieurs constitutions.
- Comment se déroule une cérémonie de mariage civil?
L'adjectif civique signifie « qui concerne le citoyen et sa participation à la vie politique »; il évoque l’idée d’un devoir dont on s’acquitte librement. Civique a également le sens de « qui caractérise un bon citoyen », sens étroitement lié à la notion de civisme.
Exemples :
- Le droit de vote est un droit civique.
- Le sens civique exemplaire dont cet homme a fait preuve a été souligné lors de cet hommage.
Classer et classifier
On confond parfois les verbes classer et classifier. Bien que ces mots soient apparentés par la forme et le sens, leur signification est différente.
Le verbe classer signifie « ranger dans une classe » ou « répartir dans des classes ». On lui associe le nom classement « action de classer, résultat de cette action ».
Exemples :
- Cette secrétaire devrait apprendre à classer ses dossiers.
- Les zoologistes classent le castor parmi les rongeurs.
- La bibliothécaire a terminé le classement des nouveaux livres.
Le verbe classifier signifie « déterminer des critères de classement, définir des classes ». On lui associe le nom classification « action de classifier, résultat de cette action ».
Exemples :
- Linné est un naturaliste qui a classifié la flore.
- Il serait difficile de classifier tout le savoir du monde.
- En chimie, il est très utile de connaître la classification des éléments.
Alors que classer est d’un emploi plus général, classifier est utilisé surtout dans des domaines spécialisés, comme la zoologie ou la botanique. Dans ces domaines, on a recours à une classification – ce qui suppose un ensemble de règles et de critères – à partir de laquelle on effectue le classement des espèces animales ou végétales.
Coasser et croasser
La prononciation ressemblante des verbes coasser et croasser, et le fait qu’ils comportent dans leur signification une notion commune portent à confusion.
Coasser signifie « pousser son cri en parlant de la grenouille ou du crapaud ». Ce mot est emprunté au latin coaxare, lui-même formé à partir du grec koax, onomatopée du cri de la grenouille.
Exemple :
- Après la période d’hivernage, les grenouilles s’accouplent; c’est la période où les mâles coassent.
Croasser signifie « pousser son cri, en parlant du corbeau et de la corneille ». Il est dérivé de l’onomatopée kro-.
Exemple :
- Grand-mère dit que si les corbeaux croassent et s’agitent dès la pointe du jour, c’est un signe de mauvais temps.
Par métaphore, les deux verbes ont pris le sens littéraire de « tenir des propos désagréables, malveillants ». On dira ainsi : Les mégères coassaient (ou croassaient) à qui mieux mieux. Par analogie avec le cri du corbeau, croasser a en outre reçu le sens d’« émettre des sons désagréables et discordants », par exemple : Illustre, jadis, la cantatrice ne pouvait désormais que croasser. Cette signification est aussi parfois attribuée à coasser, par analogie avec le cri de la grenouille, mais est moins souvent attestée.
Notons finalement que le nom coassement désigne le cri de la grenouille et croassement celui du corbeau.
Collision et collusion
On doit éviter de confondre les noms collision et collusion qui ont une prononciation très proche mais dont la signification est différente, bien qu’ils impliquent tous deux une idée de rencontre entre des parties.
Collision vient du latin collisio qui signifie « choc, heurt »; collisio vient lui-même de collidere, verbe composé de cum « avec » et de laedere « frapper ». On emploie le nom collision principalement pour désigner le choc de deux corps qui se heurtent, dont au moins un est en mouvement. Au figuré, il peut aussi exprimer l’idée d’un conflit, d’un désaccord.
Exemples :
- Hier soir, un camion est entré en collision avec un lampadaire sur le Grand Boulevard.
- Le risque de collision entre la Terre et un astéroïde assez massif pour causer la fin de l’humanité est très faible.
- La collision des intérêts économiques a causé un malaise dans la relation entre ces pays voisins.
Collusion vient du latin collusio qui signifie « entente frauduleuse »; collusio vient lui-même de colludere, verbe composé de cum « avec » et de ludere « jouer ». Le nom collusion a donc la même origine que l’adjectif ludique. Ce nom sert à désigner une entente secrète entre au moins deux parties dont le but est de nuire à un tiers. Il exprime ainsi l’idée de complicité, de connivence.
Exemples :
- Y aurait-il eu collusion entre les compagnies pétrolières ou les stations-service pour hausser le prix de l’essence?
- La collusion des policiers avec les criminels dans certains pays est alarmante.
Colorer et colorier
Les verbes colorer et colorier, issus de la nombreuse famille de mots dérivés du nom couleur, présentent des sens apparentés mais différents.
Colorer signifie au sens propre « revêtir de couleur, donner une certaine teinte à quelque chose » et, au figuré, « apporter une teinte, une note particulière à quelque chose ». Dans ces sens, le verbe peut être employé à la forme pronominale. Le terme a aussi le sens littéraire de « donner une belle apparence à, présenter sous un jour ou un aspect favorable ».
Exemples :
- On dit que Ramsès II colorait ses cheveux avec du henné.
- Lorsqu’on lui adresse un compliment, les joues de Delphine se colorent d’un rouge pivoine.
- Ce poète colorait toujours ses propos de cynisme ou d’insolence.
- Augustine colorait ses railleries d’une fausse affection.
Colorier signifie « appliquer des couleurs sur une surface (un dessin, un plan, etc.) ». Ce verbe n’a qu’un sens propre.
Exemples :
- Les élèves dessinent d’abord la carte, puis colorient en bleu les cours d’eau et d’une couleur différente chacun des départements.
- Découper des images et les colorier permet aux enfants d’exploiter leur créativité.
L’action de colorer a
comme résultat la coloration et celle de colorier donne le coloriage.
Compréhensible et compréhensif
Les adjectifs compréhensible et compréhensif, issus de la même famille de mots, présentent des sens différents.
Compréhensible signifie « qui peut être compris » ou « que l’on peut expliquer, admettre facilement ». Le suffixe -ible, ayant servi à former cet adjectif, exprime la possibilité passive et a donc le sens de « qui peut être » ou de « que l’on peut ».
Exemples :
- Ce livre est compréhensible par les tout-petits.
- Dans l’état où Joseph se trouve, son geste est compréhensible.
- Il est compréhensible qu’après cet échec Élise ne veuille plus nous voir.
Compréhensif se dit d’une personne « qui comprend les autres et les excuse volontiers ». L’adjectif peut aussi avoir, en logique, le sens de « qui embrasse par sa signification un nombre plus ou moins grand d’êtres ». Cette dernière définition suppose que moins un concept désigne d’êtres, plus il est précis et compréhensif. Le suffixe -if, ayant servi à former cet adjectif, signifie « qui accomplit l’action exprimée par la base du mot ».
Exemples :
- Un professeur compréhensif a plaidé en faveur de l’étudiant accusé de méfait.
- Le concept « animal » est plus compréhensif que le concept « être ».
Conjecture et conjoncture
La ressemblance de prononciation entre les noms conjecture et conjoncture peut porter à confusion. Leurs significations sont pourtant fort différentes.
Conjecture signifie « supposition fondée sur des apparences ou des probabilités », ou encore « opinion qui repose sur une hypothèse non vérifiée ». Ce mot est souvent entendu dans l’expression se perdre en conjectures, qui signifie « envisager de nombreuses hypothèses, être perplexe ». Conjecture est emprunté au latin conjectura, dérivé de conjicere, qui signifie littéralement « jeter ensemble ».
Exemples :
- Faute d’indices, les enquêteurs en sont réduits aux conjectures pour expliquer le mobile de ce meurtre crapuleux.
- D’abord une conjecture, l’affirmation de Copernic (« Si la terre est une planète, alors elle tourne autour du soleil ») est ensuite devenue une loi.
- Toutes les explications que vous donnez ne sont que pures conjectures pour masquer votre ignorance.
Conjoncture signifie « situation qui résulte d’un ensemble de circonstances et qui est considérée comme le point de départ d’une action, d’une évolution » et « ensemble des éléments qui déterminent la situation économique, sociale, politique ou démographique à un moment donné ». Il a été formé d’après le latin conjunctus, qui signifie « conjoint, concordant ».
Exemples :
- Le suicide apparaît comme une réaction à une conjoncture défavorable quant aux relations interpersonnelles, à la santé ou à la situation financière.
- Les événements du 11 septembre ont transformé les perspectives de croissance économique dans la plupart des pays industrialisés, qui ont dû tenir compte de cette conjoncture imprévisible.
On veillera aussi à distinguer les adjectifs conjectural « qui est fondé sur des conjectures » et conjoncturel « qui se rapporte à la conjoncture, dépend de la situation actuelle, en particulier de la situation économique ».
Consommer et consumer
Même s’ils sont apparentés par l’étymologie, les verbes consommer et consumer présentent des significations différentes.
Consommer signifie « amener une chose à sa destruction en utilisant sa substance, en faire un usage qui la rend ensuite inutilisable » – sens qui s’emploie plus particulièrement à propos de denrées alimentaires et de sources d’énergie –, « acquérir un bien, une marchandise pour satisfaire un besoin » et « utiliser comme source d’énergie ou matière première ». Il a aussi le sens littéraire de « mener une chose au terme de son accomplissement » comme dans la locution courante consommer le mariage.
Exemples :
- Les athlètes devraient-ils consommer des suppléments?
- Les touristes asiatiques sont parmi ceux qui consomment le plus de biens de luxe.
- Un moteur consomme du carburant et de l'oxygène.
Consumer signifie « détruire, anéantir, particulièrement par le feu » et a aussi le sens littéraire « épuiser complètement les forces de quelqu’un ». Le verbe peut être employé dans ces deux sens à la forme pronominale. Il a déjà eu le sens de « dissiper complètement de l’argent, des aliments, etc. ».
Exemples :
- Un cigare sec se consume trop vite et dégage une fumée chaude et âcre.
- Personne ne pensait que Gabriel survivrait à la fièvre qui le consumait. Et pourtant, il surmonta sa maladie et recouvra miraculeusement la santé.
- Depuis la mort de son mari, Élise se consume de chagrin.
- Nous qualifions de prodigues les gens qui consument
leurs richesses.
Continuation et continuité
Les noms continuation et continuité appartiennent à la même famille de mots, mais ils ont des sens différents.
Continuation signifie « action de poursuivre quelque chose » ou encore « fait d’être continué, prolongé ».
Exemples :
- Nous devons prendre une décision au sujet de la continuation de ce projet.
- Ils ont convaincu les élus de plaider en faveur de la continuation de cette route.
- Crois-tu en la continuation de la vie après la mort?
En français, la formulation bonne continuation, qu’on adresse à quelqu’un dont on prend congé et à qui l’on souhaite de poursuivre avec plaisir une activité, est considérée comme familière ou populaire.
Continuité a pour sa part les sens de « caractère de ce qui n’est pas interrompu dans le temps » et « caractère de ce qui est constitué de parties non séparées, de ce qui est continu dans l’espace ». Ce nom est un dérivé de l’adjectif continu.
Exemples :
- L’importance de la continuité des soins donnés aux patients asthmatiques s’avère cruciale.
- Dans les dessins d’Escher, la continuité des lignes est souvent une illusion d’optique.