Carpe diem (cueille le jour), fameuse phrase d'Horace, incitant à l'épicurisme, à la jouissance raisonnée du moment présent. Car, qui que nous soyons, quoi que nous fassions, rien ne peut empêcher la fuite du temps. Mais c'est à ne pas confondre avec l'hédonisme, qui préconise la quête effrénée du plaisir et de la jouissance ( souvent sous-entendant le mépris de toute retenue et de toute morale).
Et l'épicurisme a souvent été évoqué et revendiqué en littérature et particulièrement en poésie. Ronsard n'écrit-il pas après "Mignonne, allons voir si la rose..":
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Plus tard, Lamartine , entre autres, reprendra cette idée de la fuite du temps dans "Le lac" quand, usant de la prosopopée, il fait parler la femme qu'il aime pour lui faire dire ces vers célèbres:
" Ô Temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Mais, évidemment, c'est en vain qu'on s'entête à vouloir lutter contre le temps qui passe.Et face à l'impuissance de l'homme devant la fuite du temps, cette exhortation à la jouissance et au plaisir,à la vie et à l'amour que l'on retrouve vers la fin du poème prend tout son sens:
" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "
Posté par Ana Mannou le 17/09/2010