Dahbiya : Hommage à toutes les femmes sacrifiées
Dahbiya,ton nom est une auréole
tu chantais comme un rossignol
Toi la sertie « la dorée »
La scintillante, qui a abjuré
les liens et les jougs réunis
De ces us tellement honnis
Tu priais notre terre
Qui abreuvait Ifri notre mère.
Tes cheveux,tapis d‘étoiles
Se gonflent et se dévoilent
Se bousculent
Au crépuscule.
Sur ton dos, ta tresse
Pleine d' allégresse
Comme le balancier d’une horloge
Elle s’arroge
Les moments ancrés dans tes veines
Où tu ne connaissais pas la haine.
La mèche rebelle sortait en crinière,
De ton foulard noué en arrière.
Une jeune fille plein de promesses
Tu étonnais par tes prouesses,
Dans l’art de dire la poésie,
Tu retenais les vers sans amnésie
Comme si Mohand notre maître
Tu apaisais tous les êtres
Les aînées fouillaient leur passé
De leurs mains nouées,délaissées
L’espace protégé des désirs et des secrets
D’une vie consumée, aux racines ancrées
La vague a aplani les crevasses dévastées
D’une vie passée à chercher la vérité
En ne trouvant que la vanité
De cette humanité.
Les tisons rougis, les rêves évanouis,
La braise refroidie et les cendres enfouies.
Les jeunes filles, des lueurs dans les yeux
L‘avenir dressé se détachaient de leurs aïeux
Elles t‘entouraient, te suppliaient de répéter
Ces vers nouveaux qui imitaient
Le gong de leur cœur
Qui à la moindre lueur affleure,
Fait rosir leurs joues et leur front
Avec pudeur et sans affront.
Tu portais fièrement ton amphore
Calée sur ta ceinture sans effort
Une main derrière ton cou de cygne
Fière et droite et digne.
Une toile de rire
Te cachait d’avenir
Ton père empruntait et dépensait
L’usurier jurait et menaçait
Le délais ne put reculer
Les murs autour de toi s’écroulaient
Avec les larmes, tu fus sacrifiée
Sur l‘autel de l’honneur pétrifié
Tes droits lésés
L’avenir biaisé
Tu fus le prix de la dette
Toi la cadette
Tu acceptas le verdict
De ton père qui dicte
Et pour le sauver
Tu ne pus le braver
Tu ne dis mot
Toi ,son dernier rameau
Dans ta mémoire te revient
Des bribes ,des petits riens
Une histoire lointaine
D’il y a des centaines
Un conte, une légende
des mythes qui les sous-tendent
Tu fus dans ta solitude
Loin de toute sollicitude
Comme dans un carcan
La cage enferma le rubican.
- Dahbiya : nom de femme qui signifie l'enluminée, recouverte de dorure.
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Fatiha Ould-Hocine