« La musique d'ambiance n'est pas innocente. »
Jacques Attali
Origines et études
En 1943, le 1er novembre il naît avec son frère jumeau Bernard Attali à Alger en Algérie dans une famille juive[1]. Son père, Simon Attali[2], est un autodidacte qui réussit dans le commerce de parfumerie bijouterie (enseigne « Bib et Bab ») à Alger. En 1956, deux ans après le début de la Guerre d'Algérie (1954 à 1962), son père décide de venir s'installer rue de la Pompe à Paris, avec sa famille (Jacques a 13 ans).
Les deux frères jumeaux Jacques et Bernard suivent des études brillantes au lycée Janson-de-Sailly, à Paris XVI, où ils rencontrent Jean-Louis Bianco et Laurent Fabius. En 1966, Jacques sort major de promotion de Polytechnique (X63). Docteur d'État en sciences économiques, Ingénieur de l'École des mines de Paris, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'École nationale d'administration dont il sort troisième de sa promotion en 1970 (promotion Robespierre avec Philippe Séguin et Louis Schweitzer).
En 1968, il effectue son stage de l'École nationale d'administration dans la Nièvre, sous la férule du futur préfet de police de Paris Pierre Verbrugghe. Il rencontre à cette occasion pour la troisième fois François Mitterrand.
Jacques Attali est aussi un passionné de musique. Il pratique le piano (on l'a entendu jouer pour les restos du cœur) et s'intéresse à la musique sous toutes ses formes. Il a écrit « Bruits », essai sur l'économie musicale et sur l'importance de la musique dans l'évolution des sociétés. Il a écrit des paroles de chansons pour Barbara. Il se passionne aussi pour la direction d'orchestre et a eu l'occasion de se produire en concert avec l'Orchestre Universitaire de Grenoble, dans des pièces aussi diverses qu'une symphonie de Benda, des concertos pour violon de Bach, une messe de Mozart, l'Adagio de Barber, le double concerto pour violon et piano de Mendelssohn… Il a récemment dirigé l'orchestre Lamoureux lors d'une soirée de gala à Paris pour le Technion, partageant le pupitre avec son ami, le généticien Daniel Cohen.
Carrière politique
En 1970, âgé de 27 ans, il devient auditeur au Conseil d’État. En 1972, il publie ses deux premiers livres en : Analyse économique de la vie politique et Modèles politiques pour lequel il obtient un prix de l'Académie des sciences.
Professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, à l'École polytechnique et à l'École des Ponts et Chaussées, il réunit autour de lui quelques jeunes chercheurs : Yves Stourdzé (inventeur du programme européen de recherche Eurêka) ou Érik Orsenna (prix Goncourt en 1988 et conseiller spécial de Roland Dumas au ministère des Affaires étrangères). Il développe un réseau de personnalités dans des domaines très divers (journalisme, mathématiques, show business, analyse financière…).
En 1979, il participe à la fondation de l'ONG internationale Action internationale contre la faim, aujourd'hui connue sous le nom d'Action contre la faim (ACF).
Son étroite collaboration avec François Mitterrand commence en décembre 1973. En 1981, celui-ci, qui vient d'être élu président de la République, le nomme « conseiller spécial » lors de son arrivée au palais de l'Élysée, après seulement trois entrevues et l'installe dans l'ancien bureau des aides de camp qui jouxte le bureau présidentiel. Dès lors, Jacques Attali rédige, chaque soir, des notes à l'attention du président sur l'économie, la culture, la politique ou le dernier livre qu'il a lu ou parcouru. Le président lui confie également le rôle de « sherpa » (représentant personnel d'un chef d'État) pour les sommets du G7.
Jacques Attali élargit ses relations, à Raymond Barre, Jacques Delors, Philippe Séguin, Jean-Luc Lagardère, Antoine Riboud, Michel Serres, Coluche. Il conseille au président de faire venir à l'Élysée Jean-Louis Bianco, Alain Boublil et quelques jeunes énarques prometteurs, comme le couple François Hollande/Ségolène Royal. Selon l'émission Complément d'enquête du 10 mars 2008 sur France 2, il aurait aussi fait visiter le Palais de l'Élysée à Nicolas Sarkozy après avoir reçu une lettre dans laquelle ce dernier aurait expliqué qu'il voulait devenir président de la République.
En 1982, il plaide pour la « rigueur économique ». Il organise le sommet du G7 de Paris en 1982. En 1984, il met en place le programme européen Eurêka de « développement de nouvelles technologies ». Il organise le bicentenaire de la Révolution française du 14 juillet 1789. En 1989, il fonde un programme international d’action contre les inondations catastrophiques au Bangladesh.
Apôtre de la constitution de l'établissement d'un gouvernement mondial, il a un discours tentant à démontrer comme incontournable le maintien de la démocratie par la constitution d’un nouvel ordre mondial. Il pense que l'économie régulée par une institution financière mondiale peut être une solution à la crise financière émergeant en 2008. Cette institution financière est une première étape vers l'instauration d'un gouvernement mondial dont l'Union européenne est une illustration.
Carrière financière
En 1990, lors du second septennat de François Mitterrand, Jacques Attali abandonne la politique et quitte l'Élysée. Il participe à la création de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) à Londres et en devient le premier président. Il avait lancé l'idée de cette institution en 1989, peu avant la chute du mur de Berlin, pour soutenir la reconstruction des pays de l'Europe de l'Est. Jacques Attali a ainsi fondé la première institution s'occupant de l'Europe de l'Est. Sous l'impulsion de son président, la BERD a en premier lieu lancé des investissements destinés à la protection des centrales nucléaires, à la protection de l'environnement et, plus généralement, au développement des infrastructures et de la privatisation.
En 1991, Jacques Attali invite Mikhail Gorbatchev au siège de la BERD à Londres, contre l'avis du premier ministre britannique John Major. Il oblige ainsi les chefs d'État d'un G7 se déroulant dans la ville au même moment, à recevoir le chef d'État soviétique[4]. Au lendemain d'un entretien téléphonique houleux entre Jacques Attali et John Major, la presse britannique multiplie les critiques à l'encontre du président de la BERD, diffusant notamment des soupçons sur la gestion de l'institution - soupçons qui seront ensuite relayés par certains journalistes de la presse française[5]. Jacques Attali explique sa position dans le chapitre « verbatim et la BERD » du livre C'était François Mitterrand : « les travaux en question avaient été réalisés sous la responsabilité d'un groupe de travail international dont je ne faisais pas partie ». De fait, à son départ, volontaire, de la BERD, Jacques Attali a reçu pour sa gestion le quitus du conseil des gouverneurs.
En 1993, Jacques Attali gagne un procès en diffamation alors qu'on l'accuse d'avoir reproduit dans son livre Verbatim, sans l'autorisation de François Mitterrand, des archives secrètes et quelques phrases du chef d'État français destinées à un autre livre. Le journal Herald Tribune publia même, sur quatre colonnes à la une, un article affirmant à tort que le président Mitterrand avait demandé le retrait du livre des librairies. François Mitterrand confirma au cours d'une longue interview avoir demandé à Jacques Attali d'écrire ce livre et reconnut l'avoir relu lui-même la plume à la main.
En 1994, Jacques Attali crée Attali & Associés (A&A), cabinet de conseil international spécialisé dans le conseil stratégique, l'ingénierie financière et les fusions-acquisitions.
En 1998, il fonde PlaNet Finance à Paris, une association à but non lucratif présente dans 60 pays qui finance, conseille et forme 10 000 institutions de microfinance.
Puis en 2001, les ramifications de l'Angolagate ont atteint Jacques Attali, qui a été mis en examen pour « recel d'abus de biens sociaux et trafic d'influence »[11]. Il n'a dû qu'au paiement d'une caution d'un million de francs d'échapper à l'incarcération. Le parquet de Paris a requis la relaxe de Jacques Attali dans son réquisitoire le 11 février 2009 lors du procès au tribunal correctionnel[12]. Le jugement sera rendu à l'automne.
Commission pour la libération de la croissance française dite Commission Attali
Article détaillé : Commission pour la libération de la croissance française.
Le 24 juillet 2007, Jacques Attali est chargé par Nicolas Sarkozy de présider une commission chargée d'étudier « les freins à la croissance » après le renoncement de Philippe Seguin. Cette commission est composée de quarante-deux membres, essentiellement issus du courant libéral et social-libéral. Elle a rendu son rapport le 24 janvier 2008 et remis au président de la République le 23 janvier 2008. Il émet des recommandations pour transformer en profondeur l’économie et la société françaises afin de « libérer la croissance » et relever différents défis macro-économiques.
Bibliographie
1973 : Analyse économique de la vie politique - PUF
1974 : Modèles politiques - PUF. Prix de l'Académie des sciences.
1975 : L'anti-économique (Avec Marc Guillaume) - PUF
1976 : La parole et l'outil - PUF
1977 : Bruits - Essai - PUF
1978 : La nouvelle économie française - Flammarion
1979 : L'ordre cannibale - Grasset
1981 : Les trois mondes - Fayard
1982 : Histoires du temps - Fayard
1984 : La figure de Frazer - Fayard
1986 : Sigmund Warburg, un homme d'influence - Biographie - Éditions Fayard.
1986 : Verbatim I - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes - Éditions Lgf (3 tomes : 1986, 1997 & 1998)
1988 : Au propre et au figuré - Éditions Fayard
1989 : La vie éternelle - Roman - Éditions Fayard
1990 : Le premier jour après moi - Roman - Éditions Fayard
1990 : Lignes d'horizon - Éditions Fayard
1991 : 1492 - Historique - Éditions Fayard
1994 : Europe (s) - Éditions Fayard
1994 : Il viendra - Roman - Éditions Fayard
1994 : Économie de l'apocalypse - Trafic et prolifération nucléaire - Éditions Fayard
1995 : Verbatim II - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes - Éditions Fayard
1995 : Verbatim III - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes - Éditions Fayard
1995 : Manuel l’enfant-rêve - Conte pour enfants (ill. par Philippe Druillet) - Éditions Stock
1996 : Chemins de sagesse - Éditions Fayard
1997 : Au-delà de nulle part - Roman - Éditions Fayard
1997 : Mémoires de sabliers - Éditions de l'Amateur
1998 : Le citoyen, les pouvoirs et dieu - Éditions Fayard
1998 : Pour un modèle européen d'enseignement supérieur - Éditions Stock
1998 : Dictionnaire du XXIe siècle - Éditions Fayard
1999 : Les portes du ciel - Théâtre - Éditions Fayard
1999 : La femme du menteur - Roman - Éditions Lgf
1999 : Fraternités : Une nouvelle utopie - Éditions Fayard (ISBN 2253152781)
2000 : Blaise Pascal ou le génie français - Biographie - Éditions Fayard (ISBN 2253153486)
2002 : Les sept secrets de la bibliothèque d'Alexandrie - Éditions du Rocher
2002 : Les Juifs, le monde et l'argent - Essai - Éditions Fayard (ISBN 2253155802)
2002 : Nouv'Elles " - Roman
2003 : L'Homme nomade - Essai (ISBN 2253108944)
2004 : La Voie humaine : Pour une nouvelle social-démocratie - Essai - Éditions Fayard
2004 : La Confrérie des Éveillés - Roman Historique (ISBN 2213619018)
2004 : Raison et Foi - Essai - Éditions BNF
2005 : C'était François Mitterrand - Éditions Fayard
2005 : Karl Marx ou l'esprit du Monde - Éditions Fayard
2006 : Portraits de micro entrepreneurs avec Muhammad Yunus - (ISBN 2749106699)
2006 : Une brève histoire de l'avenir - Éditions Fayard (ISBN 2213631301)
2007 : L'Avenir du travail - Éditions Fayard (ISBN 2213632858)
2007 : Gandhi ou l'éveil des humiliés - Éditions Fayard (ISBN 2213631980)
2007 : Amours - Éditions Fayard (ISBN 2213630106)
2008 : 300 décisions pour changer la France - XO Éditions (ISBN 2845633734)
2008 : La crise, et après ? - Éditions Fayard (ISBN 2213643075)