Un simple pronom et une forme verbale font un monde de différence dans les relations interpersonnelles. Le passage du
“vous” (formel) au “tu” (informel) est un rituel fréquent, qui marque l’évolution d’une relation. Utiliser le pronom tu signifie en effet plus de proximité, plus d’intimité, moins de formalité
dans les contacts, la communication et même les sujets de conversation. Ce changement est immédiatement perceptible pour chaque individu, une sorte de relâchement mental et physique se produit,
qui transforme la façon d’agir et de se comporter. Le passage du vous au tu se fait plus facilement entre personnes du même sexe que de sexes opposés, l’âge joue aussi un rôle important. Ce
passage est souvent formalisé par une question posée ainsi : “On pourrait se tutoyer maintenant, ce serait plus simple ?” ou “Ça vous dérangerait si on se tutoyait ?”
Il existe un grand nombre de cas de tutoiement spontané : les jeunes enfants par exemple s’adressent aux adultes en
utilisant le pronom tu jusqu’à ce qu’ils apprennent à distinguer les circonstances où il faut faire un choix. Par ailleurs, les jeunes du même âge, les adolescents, se tutoient de manière
spontanée, sans distinction de sexe. Les membres d’une même famille se tutoient : sauf dans des cas aujourd’hui exceptionnels, les enfants ne disent jamais vous à leurs parents. Le tu spontané
est aussi d’usage dans certains cercles, clubs, associations; cela a pour effet de renforcer le sentiment d’unité et d’appartenance au groupe.
En général, on vouvoie les personnes que l’on rencontre pour la première fois, le supérieur hiérarchique, une personne
plus âgée que soi. Il existe certains cas où une personne est autorisée à tutoyer, tandis que son interlocuteur emploie le vous : un professeur parlant à un jeune élève, un adulte à un jeune
enfant, une personne âgée s’adressant à une personne beaucoup plus jeune. Cette situation n’autorise pas la personne qui est tutoyée à tutoyer son interlocuteur à son tour, ce qui montre que le
vouvoiement n’est pas seulement une marque de formalité, mais aussi un indicateur de hiérarchie sociale qui permet de montrer son respect.
Dans une première rencontre, le choix entre le vous et le tu n’est pas toujours facile, il existe des circonstances où
l’on hésite, et où une solution doit être trouvée verbalement. Même si le premier contact est chaleureux, il est plus prudent d’utiliser le vous jusqu’au moment où les interlocuteurs trouvent un
protocole. En général, c’est la personne la plus âgée, ou celle qui se trouve dans une position hiérarchique supérieure, ou celle qui reçoit qui va décider : “On pourrait peut-être se dire tu?”
.
L’usage du vous a longtemps prédominé dans la société française, jusqu’à la fin du 18e siècle. Le philosophe des
Lumières Jean-Jacques Rousseau, auteur de Emile, ou de l’éducation (1762), juste avant la Révolution, recommande ainsi le tutoiement systématique dans la famille. Aujourd’hui, l’usage du
tutoiement est de plus en plus répandu, notamment parmi les jeunes générations. On attribue généralement cette évolution à l’influence de la langue anglaise, dans laquelle le pronom “you” est
perçu comme l’équivalent du “tu” français, ce qui n’est pas nécessairement vrai.
Tu ou vous ?
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