On est souvent tenté d'opposer assistance et autonomie ou d'associer l'assistance à la dépendance, à l'opposé de l'idéal de développement des individus. «Mentalité d'assisté» ne se range pas parmi les compliments.
Le rapport entre l'assisté et l'assistant offre une myriade de nuances : l'assistant de laboratoire a un rôle
subalterne, l'assistant d'une personne âgée peut passer par à peu près tous les statuts, du serviteur le plus humble à l'abuseur de la faiblesse. C'est sans doute ce qui donne à
l'assistance ses connotations négatives car celui qui est assisté s'ouvre à l'autre et l'autre peut abuser de sa position, d'où la circonspection nécessaire dans tout rapport d'assistance.
Mais il appert que l'assistance est une composante de base de l'organisation : personne ne peut tout faire ni tout savoir. Aucune de nos cellules ne peut faire ce que l'organisme dans son entier accomplit; chacune assiste les autres. L'assistance se définit à son meilleur comme l'entraide dans la poursuite d'un même objectif même si les raisons peuvent en être très différentes d'une personne à l'autre.
Si l'autonomie est formidable, une personne totalement autonome n'offre pas autant d'intérêt qu'une autre que l'on pourra assister, se lier pour certaines tâches et qui par ailleurs pourra se spécialiser et avec qui atteindre des sommets auxquels aucun ne peut parvenir seul.
Le sens de nos vies a beaucoup à voir avec l'aide que nous pouvons apporter aux autres. Pouvoir accepter l'aide et l'assistance paraît donc aussi important que pouvoir en apporter ! Un professeur aide et les étudiants peuvent aussi l'aider. Le professeur peut aider d'autres professeurs et évidemment les étudiants le peuvent entre eux. Chose intéressante, plus les étudiants s'entraident, plus le sentiment de leur valeur personnelle augmente; «Estime de soi» fait partie de tous les discours sur le développement de la personne; savions-nous que cette estime passait aussi par l'entraide ? On peut parier qu'il en est de même pour des professeurs au sein d'une équipe pédagogique.
Être constamment assisté ou être constamment en train d'assister révèle un déséquilibre manifeste. Que diriez-vous d'un système scolaire qui peut difficilement se passer des services de soutien scolaire pour la réussite de beaucoup de ses élèves aux examens ?
Entre le besoin d'urgence et la dépendance, il y a quand même une marge, mais cette marge semble s'amincir particulièrement avec les technologies. Nous sommes assistés par celles-ci à un degré sans précédent, mais nous réalisons aussi des choses dont nous ne pouvions que rêver il y a 30 ans. Il serait plus juste de dire que nous nous assistons nous-même avec les technologies; on profite de ses avantages. Alors tout va bien de ce coté tant que nous n'alimentons pas un Big Brother. Quel est le bon régime ? Comme dans toute relation d'assistance profitable : un but commun et des avantages partagés.