La solitude devient pour moi un moment privilégié, le moment de l’autocritique, de la reconsidération de toute ma vie, de la reconstitution de mon être. Mais c’est surtout un moment de création (ces derniers jours j’éprouve un certain plaisir à prononcer ce mot et à y penser).La création des mots, l’accouchement de certaines réflexions lyrique ou objectives.
Toutefois cet enfantement se fait dans la joie, les contractions me procurent du plaisir. La naissance qui se prépare m’offre des moments de pure harmonie, de paix, de sérénité, d’euphorie. La naissance est ma renaissance. Je suis la mère et le nouveau-né, j’éprouve les sensations de l’une et de l’autre.
A chaque fois que j’écris, je me sens dans un nouveau monde dont j’apprends petit à petit le langage. Je suis une enfant éternelle qui a besoin de renaitre chaque jour, je ne veux pas grandir, ce seul fait arrête paradoxalement ma croissance et tue ma pensée. Les gens me reprochent mon isolement, mais je m’y plais parfaitement, je me retrouve dans cette auto-exclusion du monde extérieur.
Il m’arrive souvent d’en souffrir, mais rien ne peut égaler la jouissance que j’éprouve quand je me retrouve seule. Cet
instant me fait oublier toutes mes peines en me rappelant toutes mes souffrances. C’est un paradoxe que ne peut comprendre que les adeptes de la solitude. Ce sont des moments intenses : ceux que
je passe seule.
Le temps s’écoule, on regrette chaque minute parce qu’on sait que les instants suivent un decrescendo fatal, douloureux.
On s’apprête à la séparation, on regrette déjà le temps qui n’est pas encore mort. On assiste amèrement à son agonie, on ressent les mêmes déceptions que ces euphories mourantes. On se sent
soi-même agonisant. On étouffe à l’idée qu’on ne va plus vivre ces moments révolus et qu’on n’aura pas l’occasion de vivre autant d’autres…
Posté par Une enseignante, le 14/04/2011